Guerre en Ukraine: la centrale nucléaire de Zaporijjia encore bombardée, l'ONU craint "une catastrophe"
De nouvelles frappes d'artillerie ont visé jeudi le périmètre de la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Ukraine et d'Europe, a affirmé un responsable de l'occupation prorusse, accusant les forces de Kiev d'avoir tiré.
"Les militants (du président ukrainien Volodymyr) Zelensky ont à nouveau tiré sur la centrale nucléaire de Zaporijjia", a déclaré sur Telegram Vladimir Rogov, membre de l'administration d'occupation installée par les Russes dans cette région du sud de l'Ukraine. Cette centrale a déjà été visée par deux bombardements la semaine dernière, suscitant l'inquiétude de la communauté internationale.
Aucune fuite radioactive n'a été détectée après les frappes qui ont visé jeudi la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Ukraine et d'Europe, a affirmé un responsable de l'administration prorusse d'occupation.
"A l'heure actuelle, aucune contamination n'a été relevée à la station et le niveau de radioactivité est normal", a déclaré sur Telegram Evguéni Balitski, chef de l'administration civile et militaire mise en place dans cette région du sud de l'Ukraine contrôlée par les Russes.
Du côté de Kiev, on évoque "cinq nouvelles frappes qui ont été signalées à proximité directe d'un dépôt de substances radioactives", selon la société d'Etat ukrainienne Energoatom, en accusant les forces russes d'être à l'origine de ces tirs d'artillerie.
L'opérateur ukrainien de la centrale affirme, de plus, que des capteurs de radiation ont été endommagés.
"La situation s'aggrave, des substances radioactives sont situées à proximité et plusieurs capteurs de radiation ont été endommagés", écrit Energoatom sur Telegram.
L'ONU met en garde contre un risque de "catastrophe"
Le secrétaire général de l'ONU a mis en garde jeudi contre un risque de "catastrophe" à la centrale de Zaporijjia, quelques heures avant une réunion d'urgence du Conseil de sécurité sur ce site nucléaire que Moscou et Kiev s'accusent mutuellement d'avoir bombardé.
"Malheureusement, au lieu d'une désescalade, des incidents encore plus inquiétants ont été rapportés ces derniers jours, incidents qui s'ils se poursuivent pourraient conduire à une catastrophe", a déclaré Antonio Guterres dans un communiqué, se disant "gravement préoccupé par la situation dans et autour de la centrale".
"Il faut être clair, tout dommage subi par Zaporijjia ou toute autre site nucléaire en Ukraine, ou n'importe où ailleurs, pourrait provoquer des conséquences catastrophiques non seulement aux alentours mais pour la région et au-delà. C'est totalement inacceptable", a-t-il insisté.
Moscou et Kiev s'accusent mutuellement des bombardements
Des bombardements ont continué dans la nuit de mercredi à jeudi sur la ligne de front en Ukraine, y compris non loin de la centrale située au sud-est de l'Ukraine et occupée par les troupes russes.
Moscou et Kiev s'accusent mutuellement d'avoir bombardé la centrale la semaine dernière, sans qu'il soit possible de vérifier ces déclarations de source indépendante.
"J'ai demandé à tous de faire preuve de bon sens et de raison, et à ne pas conduire d'actions qui pourraient mettre en danger l'intégrité physique et la sécurité de la centrale nucléaire, la plus grande d'Europe", a ajouté le secrétaire général de l'ONU, appelant à "cesser immédiatement" toute activité militaire près de la centrale et à ne pas la "viser".
"Le site ne doit pas être utilisé dans le cadre d'opérations militaires", a-t-il encore insisté, appelant à la création d'un "périmètre démilitarisé pour assurer la sécurité de la zone".
Ces déclarations interviennent alors que le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit en urgence jeudi après-midi pour discuter de la situation, à la demande de la Russie.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a indiqué que son directeur général, Rafael Grossi, informerait le Conseil de sécurité de l'ONU "de la situation en matière de sûreté et de sécurité nucléaires" à la centrale, ainsi que de ses "efforts pour convenir d'une mission d'experts de l'AIEA sur le site dès que possible".