Gaza: un appel à un cessez-le-feu "inconditionnel" au menu de l'Assemblée générale de l'ONU

Le camp de Nuseirat frappé par un tir israélien à Gaza, le 27 novembre 2024 - Eyad BABA / AFP
Fin novembre, les États-Unis ont utilisé une nouvelle fois leur veto pour protéger leur allié israélien, qui mène depuis plus d'un an une offensive militaire dans le territoire palestinien en représailles à l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. Les Américains, insistant pour conditionner la trêve à la libération des otages, avaient cette fois empêché le Conseil d'exiger un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza.
Une position répétée mercredi. Le projet de résolution, qu'il serait "honteux" d'adopter, "risque d'envoyer au Hamas le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de négocier ou de libérer les otages", a déclaré l'ambassadeur américain adjoint, Robert Wood, alors que le ministre israélien de la Défense a évoqué mercredi "une chance" d'accord pour cette libération.
Habituée à prendre le relais du Conseil largement paralysé sur des dossiers brûlants comme Gaza ou l'Ukraine, l'Assemblée générale devrait, sauf surprise, adopter cette résolution très similaire à celle bloquée au Conseil en novembre, mais non contraignante.
"Gaza n'existe plus, elle est détruite"
Le texte sur la table réclame "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent" ainsi que "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages". Il demande également un accès sûr et "sans entrave" à une aide humanitaire d'ampleur, y compris dans le nord "assiégé" de Gaza et dénonce toute tentative d'"affamer les Palestiniens".
Des appels largement soutenus par les intervenants lors du débat. "Gaza n'existe plus, elle est détruite", a déclaré l'ambassadeur slovène, Samuel Zbogar. "L'Histoire est la plus dure des critiques contre l'inaction", a-t-il mis en garde, dénonçant l'échec "encore et encore" du Conseil de sécurité, dont son pays est un membre non permanent.
"Le prix du silence et de l'échec face à la tragédie palestinienne est lourd, et sera encore plus lourd demain", a renchéri l'ambassadeur algérien adjoint, Nacim Gaouaoui.
L'attaque du 7 octobre a entraîné la mort de 1.208 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels et incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza. Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées sur le sol israélien. Au total, 96 restent otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.
"Coeur sanglant de la Palestine"
La campagne militaire de représailles lancée par Israël a fait au moins 44.805 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.
"Aujourd'hui, Gaza est le coeur sanglant de la Palestine et une blessure ouverte pour l'humanité", avait déclaré l'ambassadeur palestinien à l'ONU, Riyad Mansour, au premier jour des débats de l'Assemblée la semaine dernière.
"Les images de nos enfants dans des tentes incendiées, le ventre vide et sans espoir ni horizon, après avoir subi plus d'un an de souffrances et de pertes, devraient hanter la conscience du monde et pousser à agir pour mettre fin à ce cauchemar", a-t-il plaidé, réclamant également la fin de "l'impunité".
Le projet de résolution demande d'ailleurs au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, de présenter des "propositions" pour soutenir le "respect" du "principe de responsabilité", par l'intermédiaire de mécanismes existants ou en en créant de nouveaux.
La première version du texte vue par l'AFP voulait directement créer un mécanisme international pour aider à enquêter et à poursuivre les responsables des crimes commis dans les territoires palestiniens.
L'Assemblée générale a déjà créé de tels mécanismes, par exemple pour aider à collecter les preuves des crimes commis en Syrie à partir du début de la guerre civile en 2011. Un deuxième projet de résolution sur la table mercredi appelle Israël à permettre la poursuite des opérations de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) dans les territoires palestiniens, menacées par une récente loi israélienne.
L'ambassadeur israélien à l'ONU, Danny Danon, a par avance critiqué ces nouvelles résolutions qui "vilipendent Israël" et mettent en lumière les "partis pris et préjugés" des Nations unies.