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Guerre en Ukraine: quels pays livrent des armes aux Ukrainiens et combien?

Dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story, Nicolas Poincaré éclaire sur la livraison d’armes aux Ukrainiens pour lutter contre l’invasion russe. Ce sont surtout les Américains qui sont à la manœuvre.

Après quatre mois et demi de guerre en Ukraine, les Russes ont récemment gagné du terrain dans le Donbass. Mais les Occidentaux espèrent renverser la situation en continuant massivement à livrer des armes à l’Ukraine… Et en passant à la vitesse supérieure, avec désormais des armes lourdes de plus en plus modernes et efficaces.

La semaine dernière, Joe Biden a donné son accord pour offrir à l'armée ukrainienne des lance- roquettes Himars. Ce sont des lance-roquettes multiples, montés sur des camions blindés, qui tirent des obus de gros calibre, guidés par GPS et précis au mètre près. Leur portée est de 80 kilomètres. Les Américains les décrivent comme capable de créer un "déluge de feu" ou une "pluie d’acier".

Ces armes viennent s'ajouter à un arsenal déjà considérable. Les pays de l’OTAN ont livré depuis le début de la guerre, et même avant en réalité, un armement qui a totalement changé la donne. Sans ses livraisons, l’Ukraine aurait certainement déjà perdu la guerre.

Les Ukrainiens ont reçu des milliers de missiles anti-tank et anti-aériens. Ils ont reçu des tanks, par exemple 200 chars T72 rien que de la part de la Pologne. Des hélicoptères, des radars, des systèmes ultra modernes de défense anti-aérienne. On leur a bien sûr envoyé les munitions qui vont avec. Par exemple, 200.000 obus de la part des Américains.

Il y a aussi les drones kamikazes, qui vont s’écraser sur un tank avec leur charge explosive. Et enfin, ce qui a été déterminant, c’est le renseignement fourni par l’OTAN à l'armée ukrainienne. Les radars, les satellites, les avions espions, qui fournissent à chaque moment des informations cruciales sur les mouvements de l'armée russe.

Ce sont bien sûr les Américains qui livrent la plus grande partie de toutes ces armes. Au point que l’on peut presque parler d’une guerre américaine sur le sol européen. Joe Biden, dans une tribune dans le New York Times la semaine dernière, a rejeté l'idée que les Etats-Unis faisaient "par procuration" la guerre à la Russie. Et pourtant, les chiffres disent le contraire. Les Etats-Unis ont déjà livré pour 4 milliards de dollars d’armement, mais ils ont surtout voté une nouvelle enveloppe de 40 milliards. C’est plus que tous les autres pays réunis. Presque dix fois plus que tous les autres pays réunis.

Joe Biden a réussi à convaincre le congrès américain que les intérêts vitaux du pays étaient menacés et qu’il fallait payer pour faire reculer la Russie "quoi qu’il en coûte".

Peu de livraisons françaises

Qui sont les autres pays qui envoient des armes ? Les livraisons françaises restent modestes. De l’ordre de 100 millions d'euros pour le moment. Avec notamment six canons Caesar. Des canons de longue portée qui sont, certes, parmi les meilleurs du monde, mais il n’y en a que six. Les Ukrainiens se sont plusieurs fois dit déçus par l’aide de la France.

Mais les Ukrainiens sont surtout en colère contre les Allemands. Parce que Berlin a beaucoup promis, mais très peu livré. Les Allemands avaient annoncé 2 milliards d’euros d’aide militaire et on en est loin. La semaine dernière, le Chancelier Olaf Scholz a promis d'accélérer les choses, sous la pression de sa majorité.

Les Anglais sont les deuxièmes fournisseurs, derrière les Etats-Unis. Le Canada, l’Australie, les Pays-Bas, la Belgique, la Norvège: en tout, une quinzaine de pays ont décidé d’aider l’Ukraine militairement.

Mais les pays qui payent le plus, comparé à leurs moyens, ce sont les voisins de l'Ukraine et de la Russie, ceux qui ont le plus peur de Poutine. La Pologne et les trois pays baltes. Les petites républiques d'Estonie et de Lettonie ont payé chacune deux fois plus que la France. Et en Lituanie, il y a même eu une mobilisation citoyenne. Une cagnotte a permis de rassembler 5 millions d’euros pour acheter des drones dernier cri…

Il y a tout de même une ligne rouge qui n'a pas été franchie. Malgré les demandes insistantes des Ukrainiens, personne n’a voulu leur livrer des avions de combat. Ni de missiles à très longue portée. Parce que Vladimir Poutine a promis que ce type de livraison entraînerait des frappes sur des nouvelles cibles…

Nicolas Poincaré