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Harvard, Berkeley... Le conflit israélo-palestinien s'exporte dans les universités américaines

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Depuis le 7 octobre et l'attaque du Hamas en Israël, la tension monte dans les plus prestigieuses universités américaines à propos du conflit israélo-palestinien.

Le climat se tend dans les universités américaines autour de la question du conflit israélo-palestinien. La Maison blanche alerte sur “une hausse alarmante des incidents antisémites sur les campus. Des tensions qui ont également eu lieu au sein des universités les plus prestigieuses comme Harvard, Berkeley ou encore Columbia.

À l’Université de Cornell, dans l’Etat de New York, la police enquête sur des menaces antisémites publiées sur internet contre un centre communautaire juif du campus.

À Harvard, une vidéo tourne depuis mercredi sur les réseaux sociaux où l’on voit un étudiant juif pris à partie par un groupe de manifestants pro-palestiniens, qui lui crient "Shame" ("Honte").

Des universités en ébullition face au conflit israélo-palestinien

Une surprise pour des universités aussi prestigieuses où étudient les élèves les plus brillants. Ce qu’il faut avoir en tête, c’est que les campus comme Berkeley, en Californie, sont depuis des décennies, de hauts lieux du militantisme.

C’est dans ces universités que depuis les années 1960, les étudiants ont arraché leur liberté d’expression. Avec des mobilisations qui ont marqué l’histoire pour les droits civiques, contre la guerre du Vietnam, et pour les droits des minorités. Il y a donc une très forte tradition d’engagement.

Mais sur la question du Proche-Orient, les choses ont plusieurs fois mal tourné. L’exemple le plus flagrant est celui d’Harvard, un lieu de l’excellence, dans la banlieue de Boston, où huit anciens présidents en sont diplômés (dont Kennedy, Bush, Obama).

"Aucun mot pour les victimes israéliennes"

C’est une lettre qui a mis le feu aux poudres, cosignée par une trentaine d’associations étudiantes, le lendemain même des massacres du Hamas. Un texte qui rend Israël “entièrement responsable”, en raison du “régime d’apartheid” instauré depuis 75 ans.

Il n'y a pas eu un mot pour les victimes israéliennes. Cette lettre a enflammé le campus. Face à l'embarras de la direction de l'université, car on ne touche pas à la liberté d’expression, la réponse est venue de professeurs et d’autres étudiants.

Ils ont en partie révélé les noms des signataires: une camionnette a sillonné les rues de la ville avec un écran affichant les visages et les identités de ceux qui avaient signé la lettre sous la mention “les antisémites en chef de Harvard”.

Une atmosphère que l'on retrouve à Berkeley avec des manifestations contre le “génocide” à Gaza. On lit dans Le Monde que les étudiants pro-palestiniens y sont, très majoritaires. Aux accusations d’antisémitisme, répondent celles d’islamophobie. Un texte pro-palestinien a même qualifié les actes du Hamas comme une “lutte pour la liberté”.

L'appui des anciens diplômés des universités

Ce climat délétère dans les universités provoque de vives réactions dans tout le pays.
Ce sont les riches anciens diplômés qui s’en mêlent, notamment les anciens de Harvard, devenus de très puissants patrons.

Bill Ackman, par exemple, une figure de Wall Street, a demandé qu’une liste des signataires de la lettre pro-palestinienne soit rendue publique. Il dit que d’autres PDG comme lui veulent s’assurer de ne surtout pas les embaucher.

C'est le même scénario à Berkeley où un professeur de droit des affaires a signé une tribune dans le Wall Street Journal pour demander aux patrons “de ne pas recruter ses étudiants antisémites”. Certains sont passés à l'acte.

À New York, un cabinet d’avocats a tout simplement annulé les offres d’embauche faites à trois étudiants de Harvard et Colombia.

Les anciens diplômés possèdent plusieurs moyens de pression car ils sont aussi devenus de riches donateurs pour leurs universités. Ils sont de plus en plus nombreux à brandir la menace du carnet de chèques avec des centaines de millions de dollars à la clé.

Une fondation qui promeut l’éducation au sein de la communauté juive a mis fin à son partenariat avec Harvard. Un ancien ambassadeur estime que l’université est devenue “méconnaissable”.

Sébastien Krebs