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L'archevêque d'Alep estime que "la moitié des chrétiens ont quitté" la ville

L'archevêque d'Alep, Monseigneur Jean-Clément Jeanbart, redoute que les chrétiens d'Orient ne reviennent plus en Syrie. "Ce que nous voulons, c'est que les Syriens vivent de nouveau ensemble ", a-t-il répété, ce mardi sur RMC.

"On n'a pas de statistique, mais certainement que la moitié [des chrétiens] ont quitté Alep". L'archevêque de la ville syrienne, Monseigneur Jean-Clément Jeanbart, redoute que les chrétiens d'Orient qui ont fui la guerre ne reviennent plus jamais en Syrie. Depuis cinq ans, au moins quatre millions de personnes ont quitté ce pays, peuplé de plus de 20 millions d'habitants avant la guerre.

"Ce que nous voulons, c'est la paix", répète-t-il, ce mardi sur RMC. "C'est que les Syriens vivent de nouveau ensemble, comme ils ont toujours vécu. Nous avons toujours vécu, chrétiens et musulmans, ensemble. Nous avons toujours vécu, entre différentes communautés, ensemble. En Syrie, il y a plus de 24 confessions".

"Nous voulons être libres"

Tout en prenant ses distances avec le régime de Bachar al-Assad, Mgr Jeanbart "craint ce qui viendrait remplacer ce régime".

"Ce que nous voulons, c'est que nous puissions être libres d'être nous-mêmes", poursuit-il. "Que nous puissions avoir une citoyenneté pleine. Que nous puissions être respectés pour ce que nous sommes, et que nous ayons tous les droits et tous les devoirs".

Et il le redoute, "s'il y a un écroulement du gouvernement et du régime actuel, ce sera tout le monde contre tout le monde". "Les gens s'entre-tueraient", craint-il.

"Nous voulons un régime laïc"

Il le souligne, les chrétiens syriens aspirent à vivre en paix avec les autres communautés.

"Nous voulons un régime laïc", explique-t-il mais un régime "non anticlérical", qui adopterait "une laïcité positive, qui laisse la religion d'un côté". "La cité est habitée par une mosaïque de confessions, une mosaïque d'ethnies. On ne peut pas être monolithe".

Et d'interpeller directement la communauté sunnite, majoritaire en Syrie: "les sunnites ont tous les droits d'une majorité. Mais il faut qu'ils respectent aussi les minorités. Et c'est cela qui nous fait peur. Nous voulons un système qui puisse garantir à tout le monde, à chaque être humain - pas seulement à chaque communauté – à chaque individu, la liberté, qui est sacrée".

C. P.