La Cour internationale de justice ordonne à Israël d'arrêter "immédiatement" son offensive à Rafah

L'armée israélienne pénètre dans le point de passage de Rafah, côté palestinien, le 7 mai 2024 - FAYEZ NURELDINE / ISRAELI ARMY / AFP
La plus haute juridiction de l'ONU a ordonné ce vendredi à Israël de stopper son offensive militaire à Rafah, une décision susceptible d'ajouter à la pression internationale en faveur d'une trêve après plus de sept mois de guerre.
Les ordonnances de la CIJ, qui tranche les différends entre États, sont juridiquement contraignantes mais elle n'a aucun moyen de les faire respecter.
Israël doit "arrêter immédiatement son offensive militaire, et toute autre action menée dans le gouvernorat de Rafah, qui serait susceptible d'infliger au groupe des Palestiniens de Gaza des conditions d'existence capables d'entraîner sa destruction physique ou partielle", a déclaré la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye.
La libération des otages demandée
La CIF déclare également qu'Israël doit maintenir le passage de Rafah ouvert pour une aide "sans restriction". Et elle demande la "libération immédiate et inconditionnelle" des otages retenus à Gaza
Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, a décidé de réunir plusieurs ministres ce vendredi après-midi (16h, heure française) après ces décisions de la Cour internationale de justice.
La décision de la CIJ intervient quelques jours après une demande historique du procureur de la Cour pénale internationale (CPI). Karim Khan a demandé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ministre de la Défense et trois dirigeants du Hamas, pour des crimes présumés commis dans la bande de Gaza et en Israël.
L'Afrique du Sud a porté l'affaire devant la CIJ en décembre, affirmant que l'offensive d'Israël à Gaza violait la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948. La cour a ordonné en janvier à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Mais Pretoria s'est de nouveau tournée à plusieurs reprises vers la CIJ, arguant que la situation humanitaire désastreuse à Gaza obligeait la cour à prendre de nouvelles mesures d'urgence. Il faudra des mois, voire des années, à la cour pour statuer sur l'affaire sur le fond portée par Pretoria - qui accuse Israël de "génocide" à Gaza - mais elle peut entretemps ordonner des mesures urgentes.
Israël réfute tout génocide
Cette affaire est "complètement déconnectée" de la réalité et est une "caricature" de la Convention des Nations unies sur le génocide qu'Israël est accusé d'avoir violée, a rétorqué Israël.
"Qualifier quelque chose de génocide, encore et encore, n'en fait pas un génocide. Répéter un mensonge ne le rend pas vrai", a déclaré devant la cour Gilad Noam, procureur général adjoint chargé des affaires internationales pour Israël.
Israël a également déclaré qu'il était "extrêmement conscient" des souffrances des civils dans la bande de Gaza et qu'il avait déployé "des efforts considérables" pour accroître l'aide humanitaire.
Le président américain Joe Biden a déclaré cette semaine que "ce qui se passe n’est pas un génocide".