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Afrique: pourquoi le ton monte entre la France et le Niger, sur fond d'influence russe

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Une manifestation violente a eu lieu dimanche devant l'ambassade de France à Niamey au Niger. Les manifestants reprochent à la France de vouloir "intervenir militairement" pour rétablir le président élu Mohamed Bazoum dans ses fonctions après le coup d'état de mercredi dernier.

Paris menace de répliquer "de manière immédiate et intraitable" à toute attaque contre ses quelques 500 à 600 ressortissants au Niger, après la manifestation violente devant l'ambassade dimanche.

Des milliers de manifestants ont attaqué l'ambassade de France à Niamey au Niger, en soutien aux militaires putschistes qui ont renversé mercredi dernier le président élu en 2021 Mohamed Bazoum. Les manifestants ont scandé des chants anti-France et ont brandi des drapeaux russes.

"Nous traitons avec qui nous voulons et comme nous voulons"

À l’origine de cette marche, le mouvement civil antifrançais M62, qui a lancé cet appel à manifester en dépit de l’interdiction de rassemblement. Le même mouvement qui avait déjà protesté contre l'opération Barkhane de l'armée française au Sahel et au Sahara.

Un drapeau français brûlé, puis piétiné. Devant l'ambassade de France, les manifestants s'en prennent à ce symbole. Ce jeune nigérien interpelle même le président Macron.

“Le Niger nous appartient. C’est à nous de faire ce que nous voulons du Niger. Nous traitons avec qui nous voulons et comme nous voulons”, lance-t-il.

Pas d'évacuation pour l'instant

D'autres tentent d'entrer dans le bâtiment et d'y installer un drapeau russe avant d'être dispersés par des grenades lacrymogènes. C'est le général putschiste qui a agité ce sentiment anti-Français de plus en plus répandu au Sahel.

“La France était tellement présente dans ces pays sur une longue période, elle a continué trop longtemps à se croire chez elle et petit à petit à perdu la main. Elle est intervenue militairement en pensant à chaque fois rattraper le coup, mais on voit bien que c’est terminé”, indique Antoine Glaser journaliste spécialiste de l'Afrique.

François Soudan, journaliste à "Jeune Afrique" note de son côté que l'influence russe est tellement ancrée que ce n'est même pas la Russie qui serait à la base de ce soulèvement.

"Les drapeaux russes, c'est une position de défiance et c'est devenu monnaie courante au Sahel. C'est une opportunité pour la Russie, mais la Russie n'est pas à la base de ce qui s'est passé", assure-t-il.

L'invité du jour : François Soudan - 31/07
L'invité du jour : François Soudan - 31/07
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Dans l'après-midi, la capitale nigérienne a retrouvé son calme a constaté Amaury Hauchard, journaliste sur place. “On peut sortir, les magasins sont ouverts, les gens vaquent à leurs occupations et peuvent sortir sans aucun problème”, indique-t-il.

La ministre des affaires étrangères Catherine Colonna a d'ailleurs décidé de ne pas évacuer les quelque 600 ressortissants français pour l'instant. Les putschistes accusent de leur côté la France de vouloir "intervenir militairement" sur le sol.

Amandine Réaux et Lucie Rispal avec Guillaume Descours