Plus de 40.000 morts à Gaza, discussions cruciales à Doha en vue d'une trêve

Une jeune fille palestinienne est assise alors que des personnes récupèrent leurs biens à Deir el-balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 7 août 2024. - Eyad BABA / AFP
Les États-Unis ont salué jeudi un "début prometteur" des discussions menées à Doha en vue d'une trêve à Gaza, la pression s'intensifiant pour éviter une extension de la guerre qui a fait selon le Hamas plus de 40.000 morts dans le territoire palestinien.
Les pourparlers doivent se poursuivre ce vendredi 16 août, a indiqué une source proche des discussions au 11e mois de la guerre dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne a annoncé avoir "éliminé plus de 17.000 terroristes" depuis le 7 octobre 2023.
Après des mois de pourparlers infructueux, les nouvelles discussions se tiennent, à l'appel des médiateurs -Qatar, Etats-Unis et Egypte- pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu dans cette guerre, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre.
Le directeur de la CIA William Burns et les chefs des services de renseignement extérieur (Mossad) et intérieur (Shin Beth) israéliens y ont pris part. Le Hamas n'y a pas participé. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Kirby, a évoqué un "début prometteur" mais dit qu'"il reste beaucoup de travail à faire". Les obstacles "peuvent être surmontés et nous devons parvenir à une solution", a-t-il ajouté.
"Nous les avons toujours"
Le président américain Joe Biden a estimé qu'un cessez-le-feu à Gaza pourrait permettre d'éviter une attaque de l'Iran qui a menacé Israël d'un "châtiment sévère" en riposte à l'assassinat, imputé à Israël, du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran le 31 juillet.
"Je ne peux pas dire là que quelque chose les a fait changer d'avis", a dit John Kirby à propos d'une éventuelle riposte iranienne. "Il y a quelques jours nous avions des informations" selon lesquelles "une attaque pourrait venir dans les jours à venir", et "nous les avons toujours".
Le risque d'une escalade militaire a redoublé après l'assassinat de Haniyeh et celui, le 30 juillet, de Fouad Chokr, le chef militaire du Hezbollah libanais, tué dans une frappe revendiquée par Israël près de Beyrouth.
Outre l'Iran, ses alliés -le Hamas, le Hezbollah et les rebelles yéménites houthis- ont menacé d'y riposter. Les discussions de Doha sont "cruciales pour la stabilité mondiale", a déclaré le chef de la diplomatie britannique David Lammy. Son homologue français Stéphane Séjourné a jugé "nécessaire" un cessez-le-feu à Gaza pour garantir la paix au Moyen-Orient.
"Un calendrier"
Les pourparlers de Doha se basent sur un plan annoncé le 31 mai par Joe Biden qui prévoit dans une première phase une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, et de la libération d'otages -emmenés à Gaza lors de l'attaque du 7 octobre- contre des prisonniers palestiniens.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a plusieurs fois répété qu'il poursuivrait la guerre jusqu'à la destruction du Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.
Le Hamas a dit son refus de participer à de nouvelles discussions et réclamé l'application du plan annoncé par Joe Biden. En soirée, un responsable du Hamas, Oussama Hamdane, a déclaré à l'AFP que le mouvement avait informé les médiateurs à Doha de sa position.
Si les discussions visent "à fixer un calendrier pour mettre en oeuvre ce qui a été présenté et accepté par le Hamas, alors nous y participerons", a-t-il dit. "Si les médiateurs parviennent à forcer (Israël) à accepter cela, nous participerons (aux discussions). Mais jusqu'à présent, il n'y a rien de nouveau."
"Une étape sombre"
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël voisin ont lancé une attaque qui a entraîné la mort de 1.198 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 déclarées mortes par l'armée.
En riposte, l'armée israélienne a mené une campagne de bombardements aériens intenses suivie d'une offensive terrestre à Gaza qui ont fait au moins 40.005 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués.
Outre des destructions colossales dans le territoire palestinien assiégé par Israël, la guerre a provoqué un désastre humanitaire et entraîné le déplacement de la quasi-totalité de ses 2,4 millions d'habitants. Commentant le bilan de morts palestiniens, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a déclaré: "la journée d'aujourd'hui marque une étape sombre pour le monde entier".
Jeudi, les bombardements israéliens sur la bande de Gaza se sont poursuivis, faisant au moins six morts, selon des secouristes. "Pourquoi Netanyahu a envoyé une délégation aux pourparlers (de Doha) alors que nous sommes tués ici. Cessez (les hostilités) et négociez", a lancé depuis Jabalia dans le nord de Gaza Mohammed al-Balwi, un Palestinien, après une frappe israélienne meurtrière.
À Tel-Aviv, des centaines d'Israéliens ont manifesté pour appeler leur gouvernement à conclure un accord qui permettrait la libération des otages.
"Les guerres ne se terminent pas par les armes mais par la diplomatie", a déclaré l'un d'eux, Lee Siegel, frère de l'otage Keith Siegel.