Procès Samuel Paty: les liens de son assassin avec HTS, les nouveaux maîtres de la Syrie

La nouvelle de la chute du régime de Bachar al-Assad, tombé après 13 ans de guerre civile, résonne au procès de Samuel Paty. Le dictateur syrien a pris la fuite face à l'avancée éclair de la coalition de rebelles, emmenés par Abou Mohammad al-Jolani, ancien d'Al-Qaïda et de Daesh, aujourd'hui à la tête du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS).
Mais à 4.000 km de Damas, devant la cour d'assisses de Paris, la victoire de HTS s'invite au procès de l'assassinat de Samuel Paty. Car c'est ce groupe qu'aurait voulu rejoindre Abdoullakh Anzorov, l'assassin du prof d'histoire-géographie, tué après avoir été accusé d'avoir montré des caricatures du prophète Mahomet.
HTS, le meilleur groupe à rejoindre en Syrie selon l'assassin de Samuel Paty
"C'est assez fou parce que depuis le début du procès, à l'audience on entend parler de HTS comme le groupe que souhaitait rejoindre l'assassin de Samuel Paty", explique ce mardi sur RMC et RMC Story Emilie Frèche, journaliste et auteure de "Le Professeur", un livre qui retrace les derniers jours de l'enseignant, avant son assassinat.
"Il avait monté un groupe sur Snapchat qui était consacré au meilleur des groupes à rejoindre et le 8 octobre 2020, il avait dit que c'était HTS. La nuit précédant le meurtre, il dit qu'il aurait aimé avoir de l'argent pour partir faire le djihad mais qu'il n'en a pas et va agir sur place. Ça lui coûte 25 euros pour acheter un couteau qui va servir à assassiner Samuel Paty", raconte-t-elle.
Une revendication envoyée à un prédicateur en Syrie
Pour le terroriste, HTS n'est pas seulement une inspiration. Il est en lien direct avec un prédicateur, Farouk Chaimi, en place à Idlib, région où s'est implantée HTS depuis 2017: "C'est d'ailleurs à lui que Anzorov a envoyé son tweet de revendication avec la tête coupée de Samuel Paty, avant d'être abattu par les forces de l'ordre", explique Emilie Frèche.
Si HTS et Al-Qaïda n'ont jamais reconnu ni assumé l'attentat contre Samuel Paty, Emilie Frèche assure que ça ne les a pas empêchés de faire de la récupération: "Ils ont diffusé la photographie de la tête décapitée de Samuel Paty avec des banderoles "Islamic state" (Etat islamique, ndlr). Ce n'est pas une revendication d'un acte qu'ils auraient revendiqué, mais c'est quelque chose qu'ils ont récupéré", explique-t-elle.
Selon Emilie Frèche, l'arrivée de HTS à la tête de la coalition rebelle en Syrie montre que l'assassinat de Samuel Paty n'est pas "un acte isolé". "C'est comme une poupée gigogne dans un ensemble lié à Charlie Hebdo et aux caricatures de 2005", estime-t-elle, rappelant que le rôle du Hamas a aussi occupé les débats. Le procès de l'assassinat de Samuel Paty doit se tenir jusqu'à fin décembre.