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Référendum en Turquie: "nous avons peur de ce qu'il va nous arriver"

Ce dimanche, 55 millions de Turcs sont appelés à se prononcer sur la modification de leur constitution attribuant plus de pouvoirs au président Recep Tayyip Erdogan. RMC a rencontré Ultu Doganay à Ankara. Professeur de communication, elle a été limogée pour avoir signé une pétition appelant au respect des droits des Kurdes.

Week-end crucial pour l'avenir de la Turquie. Ce dimanche, ils seront 55 millions appelés à dire oui ou non à une série de 18 articles attribuant plus de pouvoirs au président.

A l’origine de ce référendum, Recep Tayyip Erdogan lui-même, l’actuel président turc. Après la tentative de coup d’état en juillet, l’actuel président turc veut dit-il "assurer la stabilité de son pays" en renforçant ses pouvoirs. En 9 mois, Erdogan a déjà lancé une purge sans précédent. Plus 40 000 personnes sont encore détenues et environ 130.000 fonctionnaires ont été limogés.

Ultu Doganay fait partie de ceux-là. Elle était professeur à l'université d'Ankara. Elle a été limogée le 7 février dernier en même temps que 62 autres professeurs. La raison? Ils avaient tous signé une pétition pour le respect des droits des Kurdes.

"Je ne sais pas faire autre chose"

A 45 ans, Ultu Doganay, donne encore des cours, bénévolement: "C'est assez douloureux. C'était toute ma vie, je ne sais pas faire autre chose, j'enseigne, j'écris, je fais des recherches. C'est trop dur pour moi de rester loin des étudiants".

Dimanche, cette enseignante ira donc voter non pour freiner ce président qui l’a limogé: "Le régime devient de plus en plus autoritaire. C'est un régime de peur, nous avons peur de ce qu'il va nous arriver. J'ai deux enfants, et je m'inquiète pour leur avenir ".

Aujourd’hui, Ultu Doganay ne peut plus sortir de Turquie: comme pour tous les fonctionnaires limogés, son passeport a été annulé.

P.B. avec Céline Martelet