Royaume-Uni: près de 1.000 migrants ont traversé illégalement la Manche samedi, record de l'année

Des gendarmes français utilisent un tracteur pour tirer un bateau de migrants endommagé après une tentative ratée de traverser la Manche qui a conduit à la mort de 8 personnes près de la plage d'Ambleteuse, le 15 septembre 2024. - Bernard BARRON
Ces 973 arrivées, qui ont été annoncées dimanche, portent à 26.612 le nombre de migrants qui ont atteint les côtes anglaises cette année, surtout depuis la France. Ces traversées ont eu lieu le jour même où un enfant de deux ans, une femme et deux hommes ont trouvé la mort dans deux incidents survenus au large des côtes françaises. Le précédent record date de juin dernier, avec plus de 882 traversées.
Une série de naufrages a fait de 2024 l'année la plus meurtrière depuis le début en 2018 du phénomène des traversées à bord de canots pneumatiques de fortune (appelés small boats), en réponse au verrouillage de plus en plus fort des accès au tunnel sous la Manche et au port de Calais.
Elu en juillet, le gouvernement britannique du travailliste Keir Starmer a promis de s'attaquer à l'immigration illégale en augmentant le nombre d'expulsions de migrants et en luttant contre les passeurs. Selon les autorités britanniques, les embarcations de fortune sont de plus en plus chargées, avec 52 passagers en moyenne contre seulement 13 en 2020. Entre juin 2023 et juin 2024, 18% des personnes arrivées par ces bateaux étaient originaires d'Afghanistan, un chiffre en forte baisse, suivi de l'Iran (13%) et du Vietnam (10%).
Hommages aux migrants morts dans des tentatives de traversée
Par ailleurs, des rassemblements sont prévus dimanche et lundi à la mémoire des quatre migrants morts samedi lors de tentatives de traversée de la Manche, a-t-on appris dimanche auprès d'associations. Comme après chaque décès de migrant à la frontière franco-britannique, un rassemblement en hommage aux personnes décédées, un enfant de deux ans, une femme et deux hommes, doit se tenir à Calais dimanche à 18h30 et un autre à Dunkerque lundi soir, selon les associations d'aide aux migrants Utopia 56 et Salam.
Ces décès portent à au moins 51 le nombre de migrants morts dans la Manche en 2024. Les premiers éléments indiquent que ces quatre migrants ont été "écrasés" dans deux canots surchargés, ont expliqué samedi le préfet du Pas-de-Calais et le procureur de Boulogne-sur-Mer. Sur une première embarcation frappée par une panne de moteur, au large de Boulogne-sur-Mer, les secours ont récupéré un petit garçon de deux ans inanimé, qui n'a pas pu être sauvé.
Selon les premiers éléments de l'enquête ouverte par le parquet pour "homicide involontaire" et "association de malfaiteurs", la mère de l'enfant, d'origine somalienne, "aurait confié son fils à un homme pour le porter le temps de monter dans le bateau", a relaté dimanche à l'AFP le procureur, Guirec Le Bras.
Puis, "un mouvement des personnes présentes dans le bateau aurait fait chuter l'homme qui tenait l'enfant dans ses bras au milieu du bateau, lequel serait mort étouffé sous le poids de cet homme", a-t-il ajouté. Sur une deuxième embarcation, également surchargée et partie des côtes du Calaisis, "plusieurs pannes moteur ont généré des mouvements de panique".
Trois personnes, deux hommes et une femme d'environ 30 ans, ont été découvertes inanimées au fond de l'embarcation, "vraisemblablement écrasées, étouffées et noyées au moment des bousculades, dans les 40 cm d'eau présents au fond de l'embarcation pneumatique", selon le récit du préfet Jacques Billant samedi.
Par "appât du gain" et "au mépris de la vie humaine", "les réseaux de passeurs font courir toujours plus de risques aux personnes, non seulement des adultes, mais de plus en plus de familles, avec des enfants, des bébés", avait-il fustigé. A ce stade, personne n'a été interpellé dans le cadre des deux enquêtes ouvertes par le parquet, a indiqué le procureur dimanche matin.