RMC
International

Sabotage des gazoducs Nord Stream: un officier ukrainien serait responsable

placeholder video
Dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story, Nicolas Poincaré revient sur les révélations de deux grands journaux américain et allemand sur le sabotage des gazoducs Nord Stream en septembre 2022. Avec un officier ukrainien pointé comme responsable.

Un officier ukrainien serait responsable du sabotage des gazoducs Nord Stream. C’est ce qu'affirment deux grands journaux américain et allemand à l'issue d’une enquête commune. Souvenez-vous, c’était très spectaculaire. Six mois après le début de la guerre en Ukraine, les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2, qui reliaient directement la Russie à l'Allemagne en passant sous la mer Baltique, avaient été détruits par des explosions.

Les explosions avaient eu lieu les 26 et 27 septembre 2022, à 13 heures d'intervalle, dans les eaux internationales entre la Suède, le Danemark et l’Allemagne. Les eaux de la mer Baltique s'étaient mises à bouillonner sur un cercle d’un kilomètre de diamètre. Et très vite, les experts avaient été unanimes pour dire que seule une armée pouvait avoir réalisé un tel sabotage, et que seul un État pouvait l’avoir commandité.

Et cette armée, ce serait donc l'armée ukrainienne. C’est ce qu'affirment le Washington Post américain et Der Spiegel, l'hebdomadaire allemand, en donnant le nom d’un officier qui aurait coordonné le sabotage. Il a 48 ans, il s’appelle Roman Tchervinski, il a servi dans les forces spéciales ukrainiennes. Selon les deux journaux, il a encadré une équipe de six personnes qui a loué un voilier et utilisé du matériel de plongée pour aller placer les charges explosives sur les gazoducs.

Une piste déjà évoquée

Cette piste d’un voilier avait déjà été évoquée. Au printemps dernier, plusieurs médias allemands et néerlandais avaient raconté l’histoire d’un grand voilier, l’Andro-méda, qui avait été loué à Rostock, au nord de l’Allemagne, par un équipage composé de cinq hommes et d’une femme. Le bateau avait ensuite été vu dans une île allemande dans la Baltique, puis dans une île danoise, assez proche du lieu des explosions, puis en Pologne quelques jours avant les explosions.

Le bateau avait été loué au nom d’une entreprise fictive domiciliée à Kiev. Un des marins avait présenté un faux passeport roumain, mais la presse allemande affirmait déjà en juin dernier que cet équipage était ukrainien. Un militaire de la 93e brigade mécanisée de l'armée ukrainienne avait été identifié sur une photo. Et un général ukrainien, le général Valeri Kalioujny, avait été présenté comme le commandant à distance de l’opération.

Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : Un officier ukrainien impliqué dans le sabotage des gazoducs Nord Stream ? - 13/11
Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : Un officier ukrainien impliqué dans le sabotage des gazoducs Nord Stream ? - 13/11
3:37

Un intérêt évident pour les Ukrainiens

Les autorités ukrainiennes sont donc accusées d’avoir commandité ce sabotage. Les autorités ukrainiennes oui, le président Volodymyr Zelensky non… C’est ce qu'affirment Der Spiegel et le Washington Post. Selon ces deux médias, l’officier des forces spéciales, Roman Tchervinski, n’a pas agi seul et a reçu ces ordres de responsables ukrainiens haut placés, au sein de l’armée imagine-t-on. Mais toujours selon ces deux médias, le président Volodymyr Zelensky n’avait pas été informé de ce sabotage.

Roman Tchervinski a démenti, par l'intermédiaire de son avocat, toutes les accusations portées contre lui. Il se trouve qu’il est actuellement jugé à Kiev dans une autre affaire. On lui reproche un abus de pouvoir, lui parle d’un procès politique parce qu’il aurait critiqué le prédisent Zelensky.

Quel aurait été l'intérêt des Ukrainiens de saboter ces gazoducs? Il est évident. Les deux pipelines avaient été construits par le géant russe Gazprom, avec des capitaux russes et allemands, et même une participation du Français Total. Il devait permettre à la Russie de vendre son gaz à l'Allemagne sans traverser aucun territoire étranger, et donc sans dépendre de personne. Alors que depuis toujours, la plus grande partie du gaz russe transitait par l’Ukraine, qui touchait de très gros droits de passage. Il est indéniable que le sabotage profitait aux Ukrainiens. Même si, au départ, ce sont la Russie et les Etats-Unis qui avait été soupçonnés.

Nicolas Poincaré