Vladimir Poutine brandit la menace nucléaire: "Une preuve de faiblesse, il est aux abois", assure le général Dominique Trinquand
Quatre jours après l'invasion de l'Ukraine, les forces russes se massent aux alentours de la capitale Kiev. Mais sur le terrain, l'avancée de l'armée russe s'est avérée plus difficile que prévu. Les forces armées ukrainiennes tiennent pour le moment bon et dans le même temps, l'Europe d'une seule voix a annoncé une batterie de sanctions économiques tout en annonçant des aides militaires et financières à l'Ukraine. Les Etats-Unis se sont joints à la cohorte.
Face aux sanctions, le président russe Vladimir Poutine a brandi la menace atomique dimanche, en assurant avoir mis en alerte sa force nucléaire: "J'ordonne au ministre de la Défense et au chef d'état-major de mettre les forces de dissuasion de l'armée russe en régime spécial d'alerte au combat", a-t-il assuré, justifiant cette annonce par les "déclarations belliqueuses de l'Otan" et les sanctions économiques "illégitimes".
"C'est une preuve de faiblesse", estime ce lundi sur le plateau des "Grandes Gueules" Dominique Trinquand, ex-général et ancien chef de mission militaire française auprès de l'ONU. "Le président Poutine ne remplit pas ses objectifs, il connaît un relatif échec en Ukraine et agite cette menace de façon à pouvoir effrayer et faire pression", estime-t-il.
"Il utilise cette menace contre les occidentaux mais devant l'opinion publique russe, il évoque la négociation pour montrer qu'il est prêt à négocier et que ce sont 'les Ukrainiens qui ne veulent pas négocier'", ajoute le général anticipant un échec des négociations russo-ukrainiennes à la frontière biélorusse.
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"Vladimir Poutine va avoir de très gros problèmes en interne"
Mais la surenchère est bien réelle et la menace atomique plus que jamais présente. Alors comment sortir de cette surenchère militaire et nucléaire? Par un arrêt des combats certes, mais Dominique Trinquand estime que Vladimir Poutine s'est mis seul dans cette situation: "Les moyens de sortir lui ont été donnés depuis le début", assure-t-il. "C'est lui qui s'est enfermé dans ce schéma", estime Dominique Trinquand, craignant une invasion de l'Ukraine qui pourrait avoir de lourdes conséquences pour Vladimir Poutine, au sein-même de son territoire et parmi sa population.
"Aujourd'hui, je crois que Vladimir Poutine est aux abois et qu'il va avoir de très gros problèmes en interne. Malgré la propagande faite par le gouvernement, on voit apparaître de plus en plus de gens qui se révoltent. Du côté des Ukrainiens, il y a une utilisation des réseaux sociaux, montrant des morts russes, des véhicules russes détruits et des prisonniers russes (au détriment de la 3ème convention de Genève et du droit international humanitaire, ndlr). Et ces images sont partagées sur les réseaux russes. Et là, il y a une certaine stupeur parce que les Russes ne sont pas habitués à ces images".
La menace nucléaire brandie par Poutine a été aussitôt dénoncée par l'ensemble de la communauté internationale. Les Etats-Unis ont dénoncé une escalade "inacceptable", accusant Vladimir Poutine de "fabriquer des menaces qui n'existent pas afin de justifier la poursuite d'une agression". La ministre allemande de la Défense Christine Lambrecht l'a accusé d'avoir "franchi un cap supplémentaire" parce que "l'invasion rapide de l'Ukraine a été stoppée par des actions courageuses et déterminées de l'Ukraine". "Ce qui se passe vraiment, c'est qu'ils se défendent peut-être avec plus d'effet, plus de résistance, que ce que s'imaginait le Kremlin", a ajouté le Premier ministre britannique Boris Johnson.
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