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Ivre, un policier percute et tue un livreur: "Mon client est accablé par les faits", dit son avocat

Me Daniel Merchat, avocat d'un brigadier-chef de la police, a accepté pour la première fois de revenir sur la mort d'un chauffeur-livreur, fin mai à Paris. Son client, un brigadier-chef de la police, roulait ivre à vive-allure quand il a percuté la victime.

C'était il y a un peu plus de deux semaines. Le jeudi 28 mai, vers 4h15 du matin. Yazid, 40 ans, père de 3 enfants (deux filles de 7 et 9 ans, un garçon de 11 ans) perdait la vie. Cet homme, livreur de pain, s'est fait emboutir sa camionnette par une voiture de police au niveau du Boulevard de Sébastopol à Paris. Il a été éjecté par la fenêtre passager sous la violence du choc. Il décèdera quelques heures plus tard.

Au volant de la voiture qui l'a percuté, un brigadier-chef de 39 ans qui conduisait avec… 2,13g d'alcool par litre de sang. Il a été mis en examen pour "homicide involontaire aggravé" et placé en détention. A ses côtés, le passager était un policier de permanence, avec 1,6g/l de sang, qui lui a été laissé libre. Les deux hommes sortaient d'une soirée très arrosée, organisée dans une boite de nuit de Paris, par la brigade des stups. Leur voiture, filmée par les caméras de vidéosurveillance, roulait à très vive allure dans les rues de Paris et a grillé plusieurs feux tricolores.

"Des faits qui ne ressemblent pas à l'homme qu'il est" 

Me Daniel Merchat, avocat du policier (brigadier-chef) qui conduisait la voiture et qui a provoqué l’accident mortel a accepté de témoigner pour la première fois sur cette affaire, ce lundi chez Jean-Jacques Bourdin. "Mon client, toujours en détention provisoire, est accablé par les conséquences des faits qu'il reconnaît, accablé par sa détention, et toute cette situation et ses faits qui ne ressemblent pas à l'homme qu'il est en réalité", a déclaré l'avocat.

Toujours policier

Malgré la gravité des faits, son client est toujours officiellement policier. "Pour le moment il est suspendu. Compte tenu des investigations conduites il convient avant de se prononcer de manière définitive d'être prudent et de donner du temps au temps", a estimé Me Merchat. "La décision (de sa radiation de la police) appartient au ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, dont je ne doute pas une seconde qu'il prendra le temps de la réflexion". "Maintenant si le ministre de l'Intérieur estime que le fonctionnaire doit être sanctionné, la sanction sera prise, mais ça ne paraît pas être la préoccupation centrale de mon client, du juge d'instruction et de la famille", a poursuivi l'avocat. 
Invité d'RMC et BFMTV ce lundi, Bernard Cazeneuve a prévenu: "Je serai d'une fermeté totale avec les policiers qui ont fauché un livreur à Paris".

Philippe Gril avec Jean-Jacques Bourdin