Jane, 7 ans, place de la Bourse: "J'ai écrit 'mort aux bombes', parce que les bombes, elles sont pas gentilles"

Comme les Français se rendant place de la République, à Paris, après les attentats du 13 novembre, les Belges, à leur tour touchés par la folie terroriste, sont spontanément venus se recueillir et chercher un peu de chaleur place de la Bourse, à Bruxelles, mardi soir. Quelques heures après les attaques à l'aéroport de Zaventem et dans la station de métro Maelbeek, plusieurs centaines de personnes de toutes origines ont convergé spontanément vers la place située dans le centre historique de la capitale belge.
On vient y déposer des bougies, des fleurs… Un homme joue du violoncelle. D'autres, des jeunes, se regroupent pour entonner "Imagine" de John Lennon, comme l'avaient fait avant eux de jeunes Français, au soir du 13 novembre. Et comme à Paris, les Bruxellois ont voulu inscrire sur cette place de la Bourse des messages, des centaines de messages de paix écrits à la craie.
"Il faut répondre par la lumière"
"J'ai écrit 'paix' en néerlandais, en français, en anglais", nous dit une femme. "Moi je l'ai écrit en arabe, en hébreu", nous dit une autre. "Moi j'ai écrit que seul l'amour peut tout résoudre", poursuit une jeune femme. Au milieu de la foule, Jane, 7 ans, écrit elle aussi un message à la craie. Un message d'enfant: "Mort aux bombes".
"Parce que les bombes elles ne sont pas gentilles, elles nous tuent, explique-t-elle. C'est à cause des terroristes, parce que c'est eux qui les mettent. J'ai compris qu'on faisait comme le 13 novembre. Je n'ai pas vraiment peur parce que je pense que cela ne va pas arriver. Mais j'ai quand même un peu peur parce que je m'imagine dans un attentat. C'est un peu dur, quoi".
Assis sur une marche un peu plus loin, le regard dans le vide, Simon serre lui dans une main une bougie. Elle est enroulée autour une feuille où sont inscrits quelques mots : "C'est quelqu'un qui m'a donné ça. Il est écrit qu'il faut répondre par la lumière". "Il faut se forcer à se réunir, à sortir, même si on a peur. C'est comme ça qu'on va avancer, qu'on va se relever. Il ne faut vraiment pas que la haine s'installe, ce n'est pas la solution", exhorte Simon.
"C'est primordial d'aller vers les autres"
Cette haine, Fadila, essaie de la rejeter. Pourtant, elle se sent "en colère". "Je suis musulmane, et pour moi, ce ne sont pas des musulmans ces gens-là". Pour elle non plus, "il ne faut surtout pas céder. Au nom de la démocratie, on n'a pas le droit de baisser les bras. Il faut continuer à vivre et faire les choses comme on le fait tous les jours. Et c'est primordial de s'ouvrir à l'autre et d'aller vers l'autre, pour le respect de l'autre justement, et pour le respect de la vie".
Dans la foule, certains ont choisi de se réconforter en se faisant… des câlins. "Chacun réagit à sa façon et nous on réagit en se faisant des câlins avec des inconnus", sourit Luc. Un peu de chaleur après l'horreur.