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Jean-Luc Mélenchon appelle les indécis de gauche au "vote utile"

Jean-Luc Mélenchon, qui s'est imposé comme le potentiel "troisième homme", a appelé jeudi les indécis de gauche à voter pour lui, pour l'aider à passer devant l'extrême droite, et "faire avancer le niveau des exigences" de la gauche. /Photo prise le 19 av

Jean-Luc Mélenchon, qui s'est imposé comme le potentiel "troisième homme", a appelé jeudi les indécis de gauche à voter pour lui, pour l'aider à passer devant l'extrême droite, et "faire avancer le niveau des exigences" de la gauche. /Photo prise le 19 av - -

par Chine Labbé PARIS (Reuters) - Estimant avoir "bien travaillé", Jean-Luc Mélenchon, qui s'est imposé comme le potentiel "troisième homme" de...

par Chine Labbé

PARIS (Reuters) - Estimant avoir "bien travaillé", Jean-Luc Mélenchon, qui s'est imposé comme le potentiel "troisième homme" de l'élection présidentielle, a appelé jeudi les indécis de gauche à voter pour lui, pour l'aider à passer devant l'extrême droite, et "faire avancer le niveau des exigences" de la gauche.

À trois jours du premier tour de scrutin, le député européen en a profité pour balayer la perspective d'un accord avec le PS entre les deux tours et pour les législatives, et a promis, au-delà de l'élection présidentielle, d'assurer la pérennité du Front de gauche.

"À tous ceux qui tergiversent à cette heure (...) je vous adjure, camarades de gauche qui m'entendez et qui hésitez, venez nous aider non seulement à passer devant l'extrême droite, mais à faire avancer le niveau des exigences" de la gauche, a lancé Jean-Luc Mélenchon, lors de son dernier grand meeting avant le premier tour.

"Le vote utile (...) c'est le vote pour le Front de gauche, et le niveau du vote du Front de gauche est l'indicateur du trouillomètre de la droite", a-t-il ajouté, prenant le contre-pied du candidat PS, qui n'a de cesse d'appeler au vote utile en sa faveur dès le premier tour.

Il s'exprimait devant plusieurs dizaines de milliers de personnes, 60.000 selon les organisateurs, réunies au Parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris.

"Nous serons, et pour toujours, la force autonome, indépendante, exigeante qui ne se marchande pas", a-t-il déclaré sous les applaudissements et les cris de "résistance".

"Faisons ensemble le serment de cette porte de Versailles, nous resterons unis tous ensemble jusqu'à la victoire de la révolution citoyenne, jusqu'à la victoire de la VIe République", a-t-il ajouté, clôturant ainsi aux côtés de représentants de toutes les sensibilités politiques du Front de gauche un discours de plus d'une heure.

"BRISER L'AXE MERKOZY"

Crédité de 15% dans un sondage LH2 publié jeudi, Jean-Luc Mélenchon s'est adressé lors de ce meeting au "peuple de 2005" qui avait dit "non" au traité constitutionnel pour l'Europe. Il a appelé de ses voeux l'ouverture d'une "brèche" en France contre l'Europe libérale.

"Il faut bien comprendre ce que nous sommes en train de faire, ce n'est pas seulement un peuple qui règle ses comptes avec un dirigeant (...) nous ne nous battons pas que pour nous-mêmes", a dit l'eurodéputé.

"Nous allons briser sur le Vieux continent l'axe Merkozy, c'est-à-dire le coeur de l'Europe "austéritaire", a-t-il ajouté, en référence aux politiques de rigueur menées par la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy.

Le candidat du Front de gauche a également lancé une nouvelle salve d'attaques contre la présidente du Front national Marine Le Pen, qualifiée de "yéti de la politique française".

C'est "front contre front", soulignait avant le meeting Eric Coquerel, conseiller spécial de Jean-Luc Mélenchon, confirmant l'intention de la coalition de passer devant le parti d'extrême droite au premier tour.

Assurant être du côté du réalisme, Jean-Luc Mélenchon a de nouveau défendu le relèvement du Smic à 1.700 euros brut, l'une des mesures phares de son programme. Il s'est réjoui de l'évolution, sur ce sujet, de la position de François Hollande. Après avoir parlé de "coup de pouce", le candidat PS a dit son intention d'opérer un "rattrapage" du Smic s'il est élu le 6 mai.

"Allez-y", a lancé à ses électeurs potentiels celui qui se targuait récemment d'une "mélenchonisation des esprits". "Plus vous mettez (de bulletins de vote), plus ils lâcheront, allez."

Quel que soit le résultat dimanche soir, les animateurs du Front de gauche estiment que cette campagne aura été un succès.

"Quand on a commencé la campagne, on était à 3%", rappelle Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de gauche. "Il y a cinq ans, cette gauche-là, elle était pulvérisée, aujourd'hui c'est une force."

Edité par Marine Pennetier

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