Jihadistes de Lunel morts en Syrie: "Aller là-bas, c'est mourir"

Des jihadistes de l'Etat islamique - AL-FURQAN MEDIA / AFP
La petite ville de Lunel, dans l'Hérault, est sous le choc. Ce mercredi, les habitants ont en effet appris avec stupéfaction la mort de quatre jeunes de la ville, âgés de 19 à 30 ans, dont deux frères. Tous ont été tués en Syrie, où ils étaient partis faire le jihad dans les rangs de l'Etat islamique. Les quatre jeunes hommes avaient quitté la France il y a plusieurs mois. Trois sont de confession musulmane par leurs parents, le quatrième s'était récemment converti.
"Il avait des amis ici, il ne faisait pas la prière"
L'information a créé un choc dans cette ville de 25 000 âmes, à 20 kilomètres à l'est de Montpellier. RMC s'est rendue sur place et a rencontré une proche de la famille des deux frères. Elle avoue être "choquée" et ne pas comprendre leur démarche, "surtout pour le petit". "Il avait des amis ici, il ne faisait pas la prière" assure-t-elle. Alors que la police enquête sur une filière locale de recrutement, cette proche penche pour cette éventualité.
Dans Bourdin Direct, elle explique : "On est venu les voir en leur disant : 'il faut aller faire le jihad là-bas, c'est mieux…Pourquoi vous restez-ci? Allez-y. Et comme ils étaient jeunes, ils ont dû se dire que c'était une expérience à faire…" "Triste et en colère", aujourd'hui, cette proche témoigne afin de faire comprendre "aux jeunes de ne pas faire les mêmes bêtises. Car aller là-bas, c'est mourir".
"Se taire, c'est faire le jeu de tout le monde"
Selon nos informations, il y a à Lunel un Syrien qui joue le rôle de recruteur et c'est lui qui aurait convaincu ces quatre hommes de partir faire le jihad. D'après les policiers du Renseignement intérieur le groupe a rejoint Barcelone en voiture avant de prendre un vol en direction d'Istanbul et enfin la frontière où ils ont retrouvé un homme qui a vécu dans l'Hérault et surnommé "Karim le Chinois". Il leur aurait indiqué la marche à suivre pour rejoindre d'autres groupes candidats au jihad.
Toujours selon nos informations, deux groupes auraient rejoint la frontière syrienne. Au total, neuf personnes originaires de Lunel, des hommes ainsi que leurs compagnes et des enfants. Sur RMC, Philippe Moissonier, conseiller municipal d'opposition (PS) de Lunel, ne dit pas autre chose : "On savait qu'il y avait des jeunes de la ville qui étaient partis. Combien ? On n'en savait rien. Que l'Etat et les forces de l'ordre se taisent c'est normal puisqu'ils travaillent en sous-marin. Mais moi je dis que se taire, c'est faire le jeu de tout le monde : des extrêmes, des recruteurs…. C'est pour cela que je suis pour qu'on libère la parole et surtout qu'on mette en place une démarche de prévention auprès de la jeunesse".
Pour rappel, selon la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), 1 000 Français ou étrangers résidant habituellement en France se sont rendus en Syrie ou en Irak, dont 350 ont directement combattu au sein de groupes terroristes. Parmi eux, au moins 40 auraient trouvé la mort dans des combats.