Jours fériés musulman et juif: "la meilleure façon d'alimenter des polémiques stériles"

- - AFP
Anouar Kbibech est président du Conseil français du culte musulman (CFCM):
"On s'étonne que cette proposition soit formulée sans aucune concertation ou discussion que ce soit sur la question des jours fériés ou de l'organisation de l'islam de France. Nous sommes donc étonnés de cette démarche alors que nous n'avons eu aucune sollicitation.
Sur la question des jours fériés, il n'y a eu aucune demande formelle des musulmans de France de bénéficier de jours fériés. La demande qui avait été formulée, c'est surtout d'éviter qu'il y ait des examens ou contrôles organisés ces jours-là pour éviter que les élèves musulmans soient pénalisés.
Nous nous étonnons aussi du timing de cette proposition à deux mois d'une élection présidentielle. Nous savons bien que ce type de sujet peut prêter à polémique et il vaut mieux en discuter à froid avec le maximum de sérénité. Mais dans une période de campagne électorale, ce n'est pas le meilleur moment de poser les choses. Et dire que l'on souhaite remplacer des fêtes chrétiennes par des fêtes musulmane et juive, c'est la meilleure façon d'alimenter une polémique de la part de ceux qui prétendent qu'il y a une islamisation de la France.
"Il ne faut pas de mise en concurrence des religions"
La démarche sur le fond et sur la forme n'est pas opportune.
Il peut très bien y avoir un débat là-dessus mais hors période électorale. Et il ne faut pas non plus qu'il y ait un antagonisme, une mise en concurrence des religions sur les jours fériés. Dire qu'on remplace deux jours fériés chrétiens par deux jours fériés musulman et juif, c'est une maladresse incompréhensible.
En plus, ça ne sera pas suivi d'effet. Cette proposition figure déjà dans le rapport de la Commission Stasi de 2003 [commission de réflexion sur l'application de principe de laïcité, ndlr]. Ça ne s'est jamais fait, on en a discuté à plusieurs reprises et il n'y a eu aucune déclinaison concrète, donc aujourd'hui, si l'objectif c'est d'instrumentaliser les religions pour créer des polémiques stériles, c'est la meilleure façon de procéder".