L'équipe de Hollande prépare le retour au pouvoir de la gauche

François Hollande, Manuel Valls, Pierre Moscovici et Benoît Hamon au QG de campagne du président élu, à Paris. L'équipe socialiste s'est mise au travail dès lundi matin pour préparer les premières décisions et la constitution du premier gouvernement de ga - -
par Thierry Lévêque
PARIS (Reuters) - François Hollande et son équipe se sont mis au travail avec ferveur dès lundi matin pour préparer les premières décisions et la constitution du premier gouvernement de gauche depuis dix ans en France.
Le président élu s'est rendu en début de matinée à son ancien QG de campagne, avenue de Ségur, dans le VIIe arrondissement de Paris, où il s'est enfermé avec plusieurs personnalités pressenties pour prendre des responsabilités - Pierre Moscovici, Manuel Valls, Jérôme Cahuzac, André Vallini et Delphine Batho notamment.
L'image d'une équipe au travail dès les premières heures du lendemain de la victoire visait sans doute à se préserver des effets désastreux des premiers moments de la présidence Sarkozy en 2007, passés sur le yacht du milliardaire Vincent Bolloré.
Les dirigeants socialistes ont rivalisé de gravité en parlant de gouvernement "d'urgence républicaine", ou de "combat contre la crise". La nouvelle équipe aura pour première mission de préparer le terrain pour le scrutin des législatives de juin, où la gauche briguera une majorité.
Le président élu est "pénétré de l'importance de sa mission, de la lourdeur de sa tâche", a dit le sénateur André Vallini aux journalistes avenue de Ségur. Toute annonce est proscrite dans l'immédiat, dit-on dans l'entourage du vainqueur. "A chaque jour suffit sa peine", a lancé le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac.
"Pour le moment François Hollande s'organise, il consulte. A mon avis, il doit réfléchir au choix de son Premier ministre, il doit aussi aujourd'hui prendre les premiers contacts avec les dirigeants étrangers. Les choses se font calmement, dans la sérénité, dans la gravité aussi", a ajouté André Vallini.
Le président élu doit faire ses premiers pas officiels avec Nicolas Sarkozy mardi pour la cérémonie de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale à Paris.
Quelques jours après la passation de pouvoir le 15 mai, il sera aux Etats-Unis pour des sommets du G8 et de l'Otan.
AYRAULT OU AUBRY À MATIGNON ?
André Vallini a fait état du climat solennel autour du président élu. "C'est une belle victoire, mais qui n'appelle pas une euphorie comme on a pu la connaître en 1981. La situation du pays est difficile, le pays a beaucoup de problèmes à résoudre", a-t-il dit.
Le député-maire de Nantes Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée, est donné favori avec la première secrétaire du PS, Martine Aubry, pour Matignon et plusieurs poids lourds du PS devraient faire leur entrée ou leur retour au gouvernement.
André Vallini est pressenti pour la Justice, le directeur de communication de la campagne, Manuel Valls, ou le maire de Dijon François Rebsamen, pour l'Intérieur, le président de la région Bretagne, Jean-Yves Le Drian, pour la Défense.
L'ex-Premier ministre Laurent Fabius est en lice pour les Affaires étrangères, le député Vincent Peillon pour l'Education, l'ex-ministre de l'Economie Michel Sapin et Jérôme Cahuzac pour Bercy et le Budget, le nom de Marisol Touraine revient pour les Affaires sociales.
Les options restent cependant d'autant plus ouvertes que le vainqueur a promis une parité hommes-femmes intégrale au gouvernement et pourrait faire une place aux alliés écologistes et de la gauche radicale, ainsi qu'à des personnalités issues de l'immigration comme Najat Vallaud-Belkacem.
SILENCE DE RÈGLE
Aucune des personnalités présentes avenue de Ségur ne s'est donc risquée lundi matin à faire état de ses éventuelles ambitions et le silence était de règle aussi dans les médias sur les questions de postes.
Sur France Info, la présidente de la région Poitou-Charentes? Ségolène Royal, candidate malheureuse en 2007 et ex-compagne de François Hollande, n'a pas souhaité confirmer les ambitions qu'on lui prête pour la présidence de l'Assemblée.
"Laissons le président de la République s'installer. Et je réserverai aux parlementaires l'annonce de ce que vous évoquez", a-t-elle dit.
Seule concession à la gravité ambiante, des applaudissements s'échappant du bâtiment de l'avenue de Ségur, fermé aux journalistes, ont pu être entendus des équipes de télévision du monde entier qui campaient devant l'entrée. C'était Manuel Valls qui réunissait l'équipe de presse pour des remerciements collectifs, a-t-on expliqué.
Delphine Batho a concédé que l'atmosphère était "studieuse mais joyeuse", au lendemain de la deuxième victoire de la gauche en plus d'un demi-siècle de Ve République.
"On a vécu un moment historique", a-t-elle dit.
Edité par Patrick Vignal