L'extrême droite en tête au 1er tour de la présidentielle autrichienne: "C'est un vote de frustration"
Le candidat de l'extrême droite autrichienne, Norbert Hofer, est arrivé dimanche largement en tête du premier tour de l'élection présidentielle, selon des résultats officiels encore provisoires. Avec 36,4% des suffrages, il affrontera au second tour le candidat indépendant Alexander van der Bellen, ancien chef de file des Verts autrichiens, crédité de 20,4% des suffrages. Norbert Hofer, candidat du Parti de la liberté (FPÖ), a mené campagne sur deux thèmes principaux, la lutte contre l'immigration et celle contre l'Europe.
"Il était clair que le FPÖ arriverait en tête"
Ce qui veut donc dire que quel que soit le résultat du deuxième tour, prévu le 22 mai, la présidence ne reviendra ni aux conservateurs ni aux sociaux-démocrates, une première depuis l'instauration en Autriche du suffrage universel direct pour la magistrature suprême. Le chancelier social-démocrate, Werner Faymann, dont la formation n'a pu faire mieux qu'une quatrième place, a déclaré que le résultat du premier tour était un avertissement adressé au gouvernement qui devra travailler davantage et mieux coopérer.
Pour Ursula Plassnik, ambassadeur d'Autriche en France, "un résultat, d'une telle ampleur, n'était pas prévu dans les sondages mais il était clair que le candidat du Parti de la liberté arriverait en tête". Alors qu'il y a six ans, seulement un électeur sur deux était allé voter, cette année le taux de participation atteint les 70%, ce qui renforce encore un peu plus le score obtenu par le FPÖ. "C'est un vote de frustration, de protestation, peut-être même un vote de colère", estime sur RMC Ursula Plassnik.
"Un résultat étonnant mais…"
"Je crois que ce vote représente à la fois un signal de défiance et une appétence de la population envers les thèmes défendus par le FPÖ, analyse-t-elle encore. Le FPÖ a largement dominé sur le plan des thèmes, d'ailleurs il y en avait peu. C'était essentiellement une campagne de frustration contre l'Europe car l'Europe a pris des décisions qu'elle n'arrive pas à appliquer. Il ne faut pas oublier qu'en 2015, l'Autriche a accueilli plus de 90.000 demandeurs d'asile, sans parler de ceux et celles qui sont passés par l'Autriche pour se rendre en Allemagne. La question des migrants était donc aussi au cœur de la campagne".
Ursula Plassnik estime aussi que les résultats du premier tour peuvent s'expliquer "par une frustration de la population envers la politique gouvernementale. Norbert Hofer a sans doute mieux réussi que les autres a exprimé les soucis des gens. Et les questions de l'Europe et des migrants en font partie". "Le résultat est étonnant mais l'Autriche, comme la France, vit depuis quelque temps avec une droite populiste de plus en plus forte", rappelle-t-elle.
"M. Cambadélis s'est trompé"
En France, la présidente du Front national, Marine Le Pen, elle-même donnée en tête pour la présidentielle de 2017, a salué un "résultat magnifique", tweetant "bravo au peuple autrichien". "Le national populisme hante l'Europe", a pour sa part estimé Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste français. "Je crois que M. Cambadélis s'est trompé, s'emporte l'ambassadeur d'Autriche en France. Parler de menace brune montre qu'il n'a pas compris ce qui se passe en Autriche.
Et de s'en expliquer: "Il n'a par exemple pas compris que l'Autriche a accueilli 20.000 demandeurs d'asile de plus que la France alors même que la population française est huit fois plus importante que celle de l'Autriche. Au cours de la campagne, il n'y a eu, à ma connaissance, aucun élément antisémite ou allant dans la direction de ce qu'on appelle l'extrême droite. Dans la terminologie politique, il serait d'ailleurs plus correct de parler de droite populiste. M. Cambadélis s'est donc totalement trompé de vocabulaire".