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La cohabitation ? Ni probable, ni souhaitable

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC.

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La campagne pour les élections législatives s’est ouverte la semaine dernière. Les sondages placent le PS favori, la droite espère une revanche. Mais la cohabitation n’est ni probable ni souhaitable.

Dire que l’UMP ne va pas gagner les législatives, ce n’est pas plus provocateur que ce qu’a dit Christine Lagarde sur les Grecs. Il y a toujours une cohérence du vote. Il est rare que l’électeur qui a voté à la présidentielle choisisse un mois après un député de droite – même s’il y a un facteur personnel qui peut jouer dans chaque circonscription. La vérité oblige même à dire que la défaite est ce qui peut arriver de mieux à l’UMP. Ça la condamnera à reconstruire son identité. Surtout, ça évitera au pays une cohabitation qui, démarrant au lendemain de la présidentielle, installerait pour 5 ans une incroyable confusion. Qu’on soit favorable ou non à François Hollande, on ne peut pas l’espérer. Contrairement à un fantasme assez répandu, la cohabitation n’instaure pas le partage des pouvoirs mais la division au sommet de l’Etat. Ce n’est pas un pis aller démocratique ; c’est le scénario du pire…

Après tout, il y a déjà eu trois cohabitations sous la Vè République et ça n’a jamais été une catastrophe…

Tout dépend ce qu’on appelle « catastrophe ». La cohabitation Chirac-Jospin (1997-2002) s’est achevée par le 21 avril, le discrédit des deux grands partis et la qualification de Jean-Marie Le Pen au 2d tour... La réalité, c’est qu’un pays comme la France a besoin d’un gouvernement cohérent, efficace, et que, pour cela, on n’a rien inventé de mieux qu’un Parlement aligné sur la majorité présidentielle. Depuis 1981, il n’y a plus eu de vraie alternance. On peut supposer que c’est ce que les Français ont voulu retrouver en élisant François Hollande. Ils ont fait le choix d’une alternance modérée. Pour que l’on puisse juger de ses effets (positifs ou négatifs), il faut qu’elle s’accomplisse.

Autrement dit, le seul enjeu de ces élections est de savoir si les socialistes auront la majorité à eux seuls ou s’ils auront besoin des Verts et du Front de Gauche ?

En tout cas, l’enjeu principal. Si F. Hollande doit composer avec des alliés, nous aurons un pouvoir moins dominateur. Sans majorité absolue, la présidence est moins absolutiste. Ça ne fait pas un bon slogan électoral, mais ce n’est pas un si mauvais argument. Il y en a un meilleur : si le PS l’emporte, ce sera la 1ère fois qu’un même parti contrôlera à la fois l’exécutif, les 2 assemblées, la quasi-totalité des régions, la plupart des départements et des grandes collectivités. Plus que l’unité nationale : l’uniformité nationale ! Il n’empêche que c’est sans doute ce qui va arriver : démenti cinglant à ceux qui ont cru voir dans le 1er tour de la présidentielle la preuve que la France est de plus en plus à droite. Mais ça n’exclut pas forcément une autre cohabitation pour F. Hollande – et pas forcément la moins délicate : avec le PS…

Pour écouter le Parti Pris d'Hervé Gattegno ce mardi 29 mai, cliquez ici.

Hervé Gattegno