La loi DALO critiquée: "Il n'y a même plus de Français dans nos immeubles"

Des élus s'élèvent contre la mauvaise mis en oeuvre de la loi DALO - FRANCOIS GUILLOT / AFP
Le Haut comité pour le logement des personnes défavorisées publie ce lundi un rapport sur la mise en œuvre de la mixité sociale. Résultat : le droit au logement opposable fonctionne plutôt bien sauf en Ile-de-France , PACA et Rhône-Alpes. C'est justement dans ces régions, notamment en région parisienne, que plusieurs élus dénoncent les effets pervers de la loi DALO.
"On est regroupé entre faibles revenus"
Depuis 2008, les mal-logés peuvent faire valoir leur droit à un logement décent. Mais les personnes relogées dans le cadre de la loi DALO le sont souvent dans des villes où il y a déjà beaucoup de logements sociaux. On ajoute donc de la misère à la misère et on renforce la ghettoïsation de certains quartiers, expliquent les élus de ces communes. Exemple à Argenteuil (Val d'Oise), une ville de 100 000 habitants durement touchée par le chômage (17%) et qui compte 34% de logements sociaux.
RMC s'est rendue sur l'Esplanade Salvador Allende où des centaines de familles vivent dans la précarité comme l'explique Kadri, 22 ans: "Généralement, il n'y a qu'un revenu du niveau du SMIC. Mais entre le loyer et la famille à nourrir…" Autre constat: un manque criant de mixité sociale. "On est regroupé entre faibles revenus. C'est de la survie…", assure Kadri.
"Il faudrait qu'on se mélange tous ensemble"
Une situation qui met à mal le vivre ensemble regrette cette habitante: "Je trouve qu'on est isolé. On n'a pas de contacts avec les autres. Maintenant il n'y a même plus de Français dans nos immeubles… Ils sont tous partis…" Etienne, lui, refuse le terme de ghetto mais reconnaît que dans le quartier la mixité sociale n'existe pas. "Ils ne feront jamais venir des gens avec des gros moyens ici. Ils n'accepteront pas vu qu'ils ne mettent même pas les pieds ici. Il faut voir quand on va à Paris comment ils nous regardent… On se sent rabaissé", déplore-t-il dans Bourdin Direct.
Et d'ajouter: "On ressent cette impression de rejet mais on ne le partage pas. Il faudrait qu'on se mélange tous ensemble". Le problème d'après Philippe Doucet, député socialiste de la circonscription: les bénéficiaires du droit au logement opposable sont systématiquement installés dans ces quartiers qui concentrent déjà beaucoup de logements sociaux. "Année après année, on met les plus pauvres, tous ceux issus de l'immigration, au même endroit. C'est comme ça qu'à la fin vous finissez par avoir 400 ghettos en France". C'est pourquoi, pour rompre ce cercle vicieux, les maires des communes défavorisées demandent à l'Etat, aux préfets et aux élus de faire preuve de solidarité et d'obliger les villes qui s'y refusent à construire plus de logements sociaux.