Laurent Wauquiez tente de cacher son étiquette UMP

L'ancien ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Laurent Wauquiez tente de reconquérir la première circonscription de Haute-Loire en prenant grand soin de cacher son appartenance politique afin de jouer la carte locale. /Photo prise le 11 - -
par Catherine Lagrange
LE PUY-EN-VELAY, Haute-Loire (Reuters) - Mais où est passée l'UMP? Jeune loup de l'équipe de Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez tente de reconquérir la première circonscription de Haute-Loire en prenant grand soin de cacher son appartenance politique afin de jouer la carte locale.
L'ancien ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche sait que la tâche s'annonce nettement moins aisée qu'en 2007, lorsqu'il avait emporté, à 32 ans, le siège dès le premier tour de scrutin. Sur sa lancée, le jeune député avait également enlevé l'année suivante la ville du Puy-en-Velay.
Les élections législatives des 10 et 17 juin se présentent sous de tout autres circonstances pour cet homme de 37 ans.
La gauche est devenue majoritaire dans le département de Haute-Loire traditionnellement ancré à droite, tout comme dans sa ville du Puy-en-Velay, qui a donné 55% à François Hollande.
Seul motif de réconfort: sa première circonscription est restée à droite, mais de très peu, puisque Nicolas Sarkozy y a obtenu 50,1% au deuxième tour de la présidentielle, avec une poussée du Front national qui réalise ici un score de 22,10%.
Laurent Wauquiez sait que c'est de là que vient le danger et mène une campagne totalement axée sur les questions locales.
"Je ne suis pas l'otage des clivages politiques nationaux", assure-t-il à la vingtaine d'habitants de Saint-Victor-Malescours venus le rencontrer dans la salle municipale.
Pas question ici de parler des vertus de la cohabitation, ni de défendre le programme de l'UMP.
La presse parisienne est clairement indésirable. Ses anciens collègues du gouvernement n'ont pas été invités à venir s'aérer sur les terres de Haute-Loire. Sur ses affiches et ses documents de campagne, pas une seule mention de l'UMP mais un fond vert et un simple slogan: "Protéger ensemble la Haute-Loire".
UNE TRIANGULAIRE POSSIBLE
Il s'agit plutôt, pour celui qui se présente comme l'artisan du sauvetage de l'usine de sous-vêtements Lejaby d'Yssingeau pendant la campagne présidentielle, de défendre l'enfouissement de la ligne à haute tension qui traverse le pays, de soutenir la construction d'un stade de football pour les jeunes de Saint-Victor ou de remettre "la Haute-Loire dans l'assiette", comme il dit, en défendant les circuits courts en agriculture.
Soucieux de projeter une image de fermeté sur la sécurité, il rappelle comment il a joué au gendarme sur le parking d'un supermarché du Puy en interpellant un homme qui s'enfuyait en courant avec quelques bouteilles de whisky volées.
Car l'électorat rural, traditionnellement à droite, s'est laissé séduire par Marine Le Pen.
"On ne parle plus seulement d'immigration et de sécurité", fait remarquer Pierre Cheynet, 32 ans, secrétaire départemental du Front national et candidat dans cette circonscription.
"Nous avons diversifié notre discours, nous parlons de l'avenir du monde rural, de la défense des villages et des services publics", explique-t-il.
Le candidat frontiste considère de plus que Laurent Wauquiez a commis l'erreur de critiquer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, trop portée sur les thèmes de la sécurité et de l'immigration à son goût, ce qui lui a d'ailleurs valu de quitter le gouvernement en délicatesse avec l'ancien président.
Son autre erreur aurait été d'annoncer qu'il voterait à gauche en cas de deuxième tour entre le PS et le FN.
"Ça été très mal compris par les électeurs qui ne voient pas pourquoi l'UMP ne s'allierait pas avec le FN. La gauche le fait bien, elle", relève Pierre Cheynet.
Le candidat socialiste pourrait tirer parti d'une triangulaire dans cette circonscription.
Mais Guy Vaucanson, 62 ans, conseiller général d'Aurec qui a obtenu l'investiture du PS, se garde bien de tout triomphalisme prématuré "face à la personnalité, la notoriété et l'implication de Laurent Wauquiez", martelant sur le terrain les risques que comporterait au niveau national une nouvelle cohabitation.
Edité par Yves Clarisse