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Le FN se replace sur orbite pour la présidentielle

LES RÉSULTATS DU FRONT NATIONAL

LES RÉSULTATS DU FRONT NATIONAL - -

PARIS - Loin d'être à terre comme s'en félicitait Nicolas Sarkozy, le Front national a effectué au premier tour des régionales un retour inattendu...

PARIS (Reuters) - Loin d'être à terre comme s'en félicitait Nicolas Sarkozy, le Front national a effectué au premier tour des régionales un retour inattendu qui traduit le mécontentement croissant de l'électorat envers la majorité.

Même s'il ne retrouve pas son score de 2004, le parti d'extrême droite jouera les trouble-fête dans 12 régions où il provoquera des triangulaires souvent fatales à la droite, retrouvant ainsi avec 11,74% des voix sa capacité de nuisance.

Surtout, la formation de Jean-Marie Le Pen se remet sur orbite pour l'élection présidentielle de 2012 où, sauf coup de théâtre, Marine Le Pen défendra les couleurs du FN à la place de son père, aujourd'hui âgé de 81 ans.

Alors que la majorité récuse comme un seul homme l'idée d'un vote sanction, Jean-Marie Le Pen s'est réjoui lors d'une conférence de presse d'une "formidable défaite de Nicolas Sarkozy, une déculottée magistrale".

Pour Marine Le Pen, vice-présidente du FN, le score du FN s'explique en grande partie par l'absence de cap de Nicolas Sarkozy, en particulier sur l'immigration et la sécurité.

"Cet homme qui paraissait volontaire est en réalité totalement irrésolu", a-t-elle dit sur i>Télé.

Les Le Pen, père et fille, sont revenus ensemble sur le devant de la scène, permettant à un parti qui a perdu de nombreux cadres, financièrement exsangue depuis sa défaite aux législatives de 2007 de faire mentir les sondages.

Jean-Marie Le Pen a apporté au FN son score le plus élevé avec 20,29% dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), devant sa fille, 41 ans, qui a recueilli 18,31% des voix sur ses terres d'élection du Nord-Pas-de-Calais.

"Ces scores montrent que Le Pen est une bonne marque", se réjouissait le président du FN dimanche soir.

Marine Le Pen, qui est la seule à avoir amélioré le score régional de son parti, semble désormais en mesure d'asseoir son autorité sur le parti en vue du prochain congrès, qui devrait lui permettre de succéder à son père fin 2010 ou début 2011.

PERFORMANCE NOTABLE DE GOLLNISCH

Mais Bruno Gollnisch, l'ex-numéro deux du parti, a également effectué une performance notable (14,01%) dans la région Rhône-Alpes, de même que le candidat FN en Picardie (15,80%).

Pour retrouver une partie de son électorat passé en 2007 dans le camp de Nicolas Sarkozy, les dirigeants du FN ont oublié les accents "gauchistes" de la présidentielle de 2007 pour en revenir aux "fondamentaux" du parti d'extrême droite.

Tant Jean-Marie Le Pen, qui a multiplié les petites phrases jugées douteuses, que Marine Le Pen, généralement plus "light", ont dénoncé l'islamisation supposée de la France et le bilan désastreux, selon eux, de Nicolas Sarkozy sur l'insécurité.

Le ministre de l'Immigration, Eric Besson, a rejeté lundi l'idée que le débat controversé sur l'identité nationale, dont il était l'initiateur, ait favorisé le vote FN.

"Je ne le crois pas, je crois même l'inverse", a-t-il dit sur i>Télé, soulignant qu'en 2004 le FN avait atteint 16% des voix et provoqué 17 triangulaires.

Il n'en demeure pas moins que ce débat, parallèlement aux polémiques sur le port de la burqa, a offert pendant des semaines une tribune inespérée aux dirigeants du FN, quelque peu boudés par les médias depuis les élections européennes de 2009.

"Le Front national est un épouvantail qui n'existe pas", avait dit Eric Besson le 5 février, parlant lors d'une conférence de presse de "stabilisation" du parti de Jean-Marie Le Pen.

Des propos confortés par Brice Teinturier, directeur adjoint de TNS-Sofres, qui, présent aux côtés du ministre pour la présentation d'un sondage, avait estimé qu'un score de 10% du FN, "ce qui n'est pas exclu, serait plutôt un affaiblissement."

Visant tout particulièrement Brice Teinturier, Marine Le Pen a estimé lundi que les instituts de sondage minimisaient systématiquement le vote FN "pour aider le pouvoir en place."

"Marine Le Pen cherche à transformer une défaite en une victoire. Avec moins de 12% des suffrages exprimés, le FN fait moins qu'en 2004", a répliqué Brice Teinturier sur France Info.

Ce leitmotiv, repris depuis dimanche soir par tous les dirigeants de l'UMP, n'est pas partagé par tous les analystes, certains soulignant sur les plateaux de télévision qu'on ne savait pas jusqu'où pourrait aller une remontée du FN.

Edité par Yves Clarisse

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