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Le FN veut fermer la France à double tour !

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, tous les matins à 8h20 sur RMC.

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Marine Le Pen a présenté ce week-end les grandes lignes de son projet présidentiel. Sans surprise, on y retrouve surtout la sortie de l’euro et l’arrêt quasi-total de l’immigration. En résumé, le FN veut fermer la France à double tour!

Les principaux candidats à la présidentielle proposent de se serrer la ceinture ; Marine Le Pen, elle, mise plutôt sur la fermeture éclair. Elle veut rouvrir les usines mais elle ferme tout le reste. C’est même frappant de voir à quel point les solutions qu’elle avance reviennent toujours à refermer le pays sur lui-même. Elle veut rétablir les frontières, abandonner l’euro, réserver les aides sociales aux Français, même à l’école elle trouve qu’on délaisse le français par rapport aux langues étrangères… Il y a quelques rénovations sémantiques (de la « préférence nationale » à la « priorité nationale »), mais le message est toujours le même : c’est celui qui rend responsable l’étranger, le concurrent, l’immigré. C’est un discours qui séduit en temps de crise; ce n’est pas une raison pour ne pas dire qu’il ne contient, en réalité, aucune solution aux problèmes actuels.

L’atout de Marine Le Pen n’est-il pas de ne jamais avoir exercé le pouvoir, donc de n’avoir jamais échoué ?

Sans doute, mais les écologistes et l’extrême gauche non plus n’ont jamais gouverné – ça ne les rend pas plus crédibles pour autant. C’est vrai que la monnaie unique a été instaurée sans qu’on en ait mesuré toutes les conséquences. Il n’empêche que si on y renonçait demain, il faudrait rembourser une dette qui est en euros et donc cela nous coûterait beaucoup plus cher. Les mesures de Marine Le Pen sur l’immigration (notamment la suppression du droit du sol) donneraient un coup d’arrêt à la natalité ; or c’est l’un des rares atouts de la France aujourd’hui. Sur le fond, c’est un discours marqué par le défaitisme : une façon de dire que notre pays ne peut plus affronter la concurrence. Comme si, parce que les Bleus ne marquent pas de but, on ne leur faisait disputer que des compétitions nationales – mais plus ni l’Euro ni la coupe du monde… Marine Le Pen prédit que les agences de notation vont bientôt dégrader la note française. Eh bien son discours est lui-même assez dégradant.

Marine Le Pen est classée en 3è position dans tous les sondages. Va-t-elle progresser ou reculer ?

Elle est à un niveau très supérieur à celui de son père en 2001-2002. Et rien dans ce qui se passe en ce moment ne peut la faire baisser. La crise a un effet de radicalisation sur les populations les plus en difficulté et on voit dans toute l’Europe une montée des égoïsmes nationaux. Donc il est logique que le FN en profite. L’autre effet des troubles économiques du moment, c’est que le débat qui s’impose peu à peu, il ne se situe plus entre la droite et la gauche, mais entre ceux qui proposent des solutions pour gérer la crise à l’intérieur du système actuel et ceux qui prétendent que pour échapper à la crise, il faut sortir du système. Plus les projets de l’UMP et du PS se rapprochent, plus Marine Le Pen peut espérer incarner cette alternative.

En Grèce, en Italie, l’extrême-droite a désormais des représentants au gouvernement. Imaginable en France ?

Ça paraît difficile à imaginer. Surtout dans le cas de gouvernements d’union nationale, comme dans ces deux pays : chez nous, l’union nationale se ferait plutôt contre le FN. Au passage, l’extrême droite grecque ou italienne ont au moins une différence avec le FN : eux ne réclament pas la sortie de l’euro !

Hervé Gattegno