Le Front national vraiment inquiet pour ses signatures

Lors d'un meeeting de Marine Le Pen à Metz. L'inquiétude est réelle au Front national de voir Marine Le Pen écartée de l'élection présidentielle en France faute d'avoir recueilli les 500 parrainages d'élus nécessaires. La présidente du FN n'a recueilli qu - -
par Patrick Vignal
PARIS (Reuters) - L'inquiétude est réelle au Front national de voir Marine Le Pen écartée de l'élection présidentielle en France faute d'avoir recueilli les 500 parrainages d'élus nécessaires.
La présidente du FN n'a recueilli que 360 promesses de signatures, selon l'estimation fournie mardi, à 75 jours du premier tour, par son entourage.
Le Parti socialiste et l'UMP affirment tous deux que Marine Le Pen "bluffe" mais, pour le directeur stratégique de sa campagne, Florian Philippot, il n'en est rien.
"Le risque est réel", dit ce dernier à Reuters. "Le rythme est assez lent. On est loin du compte".
La chasse aux signatures a toujours été un exercice périlleux pour le FN. Aux deux dernières présidentielles, Jean-Marie Le Pen ne les avait recueillies que de justesse et au dernier moment avec, par exemple, 507 parrainages en 2007.
Mais cette fois-ci, l'affaire paraît encore plus mal engagée, affirme le directeur de la communication de Marine Le Pen, Bruno Bilde, qui estime à "20 à 25%" le taux de déperdition entre les promesses et les parrainages réels.
"Ce qu'il faut savoir, c'est qu'en 2002 et en 2007, on les a déposés le dernier jour ou l'avant-dernier jour et que c'était à chaque fois à une dizaine ou une quinzaine près", dit-il.
"Cette année, on est en retard par rapport à même période il y a 5 ou 10 ans. On est très inquiet. C'est un peu une course contre la montre."
Marine Le Pen, qui réclame l'anonymat des parrainages pour éviter d'éventuelles pressions, a obtenu que le Conseil constitutionnel se prononce sur le sujet le 16 février.
"Si le Conseil constitutionnel déclare que la loi n'est pas constitutionnelle, l'anonymat devient automatiquement la règle et dans ce cas-là, on est sûr de les avoir, les 500 signatures", dit à Reuters Bertrand Dutheil de La Rochère, l'un des porte-parole de la candidate du FN.
PAS DE VOYAGE AUX ANTILLES
La date-limite de dépôt des parrainages - 500 signatures d'élus provenant d'au moins 30 départements différents - est fixée au 16 mars.
En attendant un hypothétique coup de pouce des "Sages", l'inquiétude de Marine Le Pen est telle qu'elle a annulé un voyage aux Antilles prévu début mars, explique-t-on dans son entourage.
La présidente du FN est allée elle-même démarcher les maires en Picardie et décroche souvent son téléphone ces temps-ci, ajoute-t-on de même source, en niant que sa force de persuasion auprès des élus soit moindre que celle qu'avait son père.
L'un des problèmes du Front national est qu'il ne dispose "que" de 118 élus - la faute à l'absence de scrutin proportionnel, explique-t-on dans un parti dont la présidente recueille, selon les sondages, de 14 à 20% d'intentions de vote au premier tour de la présidentielle.
Le FN dénonce en outre des pressions exercées sur les maires et évoque leur crainte d'être "étiquetés" par leurs administrés s'ils accordent leur signature à Marine Le Pen.
Le Front national dément avoir démarré sa quête trop tard et estime n'avoir pas commis une erreur en faisant appel à une société de télémarketing pour approcher les maires.
"On s'y est pris très tôt, dès le mois d'avril, en tenant compte des expériences des campagnes précédentes", dit Florian Philippot. "On a mis une cellule en place avec un système de quadrillage du territoire par des équipes sur le terrain."
Bruno Bilde renchérit : "On est passé par un prestataire de service seulement pour la prise de rendez-vous. On rencontre les mêmes difficultés que les fois précédentes parce qu'on est arrivé au bout d'un système et que les maires hésitent à se déclarer, allant jusqu'à faire la grève des signatures."
Une enquête Ifop publiée par le Journal du Dimanche montre que l'absence de Marine Le Pen profiterait au président sortant Nicolas Sarkozy, placé dans ce cas à égalité d'intentions de vote au premier tour (33%) avec le candidat socialiste François Hollande, favori du scrutin. Autre vainqueur dans ce cas de figure, le taux d'abstention, qui atteindrait 22%.
Pour Florian Philippot, "Nicolas Sarkozy sait déjà qu'il a perdu mais il craint énormément de ne pas être au second tour (en étant devancé au premier par la candidate du FN-NDLR)".
"L'UMP est dans une stratégie de non candidature de Marine Le Pen", avance son directeur de campagne, pour lequel une mise à l'écart de la présidente du FN faute de parrainages serait rien moins qu'une "monstruosité antidémocratique."
Avec Gérard Bon, édité par Yves Clarisse