Le maire adjoint de St-Denis dénonce "l'incroyable discrimination dans l'affectation des policiers"

Stéphane Peu, maire adjoint de Saint-Denis, ce vendredi dans Bourdin Direct. - Capture RMC découverte
Ils sont venus à bout des dealers. Après sept "Nuits debout", les habitants de la cité Paul Éluard de Saint-Denis (Seine-St-Denis) ont réussi à faire fuir les dealers qui faisaient leur trafic tous les soirs au pied des immeubles, créant notamment nuisances sonores. "Cette nuit (de jeudi à vendredi) était la première où ils n'ont pas occupé l'espace puisque depuis deux jours les dealers n'étaient plus là", s'est réjoui ce vendredi sur RMC le maire adjoint de la commune, Stéphane Peu.
"J'espère qu'ils ne reviendront pas", a enchaîné l'élu. S'il "encourage" ce type de mouvement citoyen spontané pour lutter contre les trafics de drogue dans les cités, Stéphane Peu est toutefois bien conscient que les initiatives de ce genre ne sont pas une solution pérenne.
"J'espère que les dealers ne reviendront pas"
"Ça dépend aussi de la mobilisation de la police", estime le maire adjoint. Et c'est là que le bât blesse. Les habitants n'auraient pas eu à se mobiliser si la présence policière était suffisante. "Les policiers font beaucoup d'efforts mais avec peu de moyens", souligne Stéphane Peu, avant de fustiger la différence de moyens entre Paris et sa commune. "Sur les trois piliers des politiques régaliennes de l’État - éducation, justice, police -, il y a des manques d'effectifs et une discrimination dans l'affectation des moyens qui est incroyable".
"Si on compare avec le 18e arrondissement voisin, à proportion de population équivalente, on devrait avoir 200 policiers de plus au commissariat de St-Denis, soit le double d'aujourd'hui. Quelle est la République qui peut justifier qu'un habitant de St-Denis vaut deux fois moins qu'un parisien en matière de sécurité publique ?"
"Arrêtez de parler d'apartheid social: agissez !"
"Il y a une politique discriminatoire puisque c'est la même chose pour les profs et les magistrats du tribunal de Bobigny (dans le même département de la Seine-St-Denis, ndlr). On dit au gouvernement : arrêtez de parler d'apartheid social, de faire des lois sur l’Égalité et la citoyenneté, prenez déjà des mesures pour que stoppent les discriminations dans l'affectation des moyens de la République". Car même si les dealers ont (pour l'instant) quitté la cité Éluard, la population n'a pas vocation à se substituer à l’État.