Plainte après le décès d'un patient en fin de vie: "Les médecins n'ont pas essayé de le sauver"
Les proches d'un malade en fin de vie doivent-ils être systématiquement associés à la décision des médecins de le "débrancher"? Les Sages du Conseil constitutionnel, qui se prononceront pour la première fois ce vendredi sur la loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie, vont devoir trancher. Cette loi prévoit que les médecins puissent décider d'arrêter les traitements d'un patient incapable de s'exprimer et qui n'a pas laissé de directives, même contre l'avis de la famille. L'Union nationale de familles de traumatisés crâniens et de cérébro-lésés, a déposé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Elle demande que les proches soient associés à la décision.
Neuf personnes ont justement porté plainte contre X pour homicide volontaire et refus de soin, vendredi dernier, après le décès d'un membre de leur famille dans un hôpital parisien. Louis est décédé le 18 mai dernier à l'âge de 45 ans, après avoir été hospitalisé en janvier pour un AVC. Depuis il était incapable de parler, mais ses proches assurent qu'il communiquait autrement avec eux. "On a mis en place un système avec lui: 'Si tu me comprends, cligne une fois des yeux, si tu ne comprends pas cligne deux fois'. Et il répondait, assure sur RMC son frère, Boukataoui. Pour nous, c'était une victoire, ça voulait dire qu'il était encore là".
"Ils pouvaient faire quelque chose"
Louis partageait sa passion du sport avec Cécile, sa compagne. Le couple devait se marier prochainement et ils avaient déjà parlé de la fin de vie.
"Je lui avais dit mot pour mot: 'Si jamais tu deviens un légume, est-ce que tu voudrais qu'on continue, qu'on persiste ou qu'on te débranche?' Il m'avait répondu: 'Non, je voudrais que tu me gardes avec toi toute ta vie'".
Selon la famille, les médecins les auraient prévenus qu'en cas de complication, ils ne tenteraient rien pour le sauver. Le 17 mai, l'état de Louis se dégrade. "On leur a dit, 'sauvez le, faites quelque chose'. Ils nous ont dit qu'ils ne pouvaient rien faire. On pense au contraire qu'ils pouvaient faire quelque chose mais qu'ils n'ont pas essayé", dénonce Boukataoui. L'avocat de la famille a même déposé un recours devant le tribunal administratif pour que les médecins poursuivent les soins. Sans effet. Louis décèdera le lendemain. Contacté par RMC, l'hôpital parisien en question n'a pas souhaité s'exprimer.