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Légion d'honneur: le père d'Aurélie Châtelain veut la distinction de sa fille, "morte en héroïne"

TEMOIGNAGE RMC – Tombée sous les balles de Sid Ahmed Ghlam à Villejuif, Aurélie Châtelain n'a pas été décorée de la Légion d'honneur, comme les vingt victimes et "héros" des attentats de 2015, distingués le 1er janvier dernier. Le père de la jeune femme a confié sa tristesse, ce lundi, à RMC.

Alors que la France s'apprête à commémorer les attentats de janvier cette semaine, certaines familles endeuillées sont toujours en colère. Parmi elles, celle d'Aurélie Châtelain, tuée le 9 avril dernier par Sid Ahmed Ghlam à Villejuif. Cet étudiant est soupçonné d'avoir voulu commettre, le jour même, un attentat contre une église de la ville.

Aurélie Châtelain a été reconnue victime du terrorisme, mais sa famille, ses proches, ne comprennent pas pourquoi elle n'a pas été décorée de la Légion d'honneur, comme l'ont été le 1er janvier dernier les vingt victimes et "héros" des attentats de 2015, dont quinze à titre posthume.

"Elle a sauvé des centaines de vies"

Jean-Luc Châtelain, le père d'Aurélie, se dit attristé par cet "oubli" au micro de RMC:

"Ce n'est pas un simple papier, vous savez. La médaille, par elle-même, si c'était pour moi, je n'en voudrais pas. C'est plus pour l'honneur de ma fille. Et pour que ma petite-fille, plus tard, puisse pour comprendre tout cela, qu'elle est morte en héroïne. Elle a quand même sauvé des centaines de vies, directement ou indirectement, mais elle l'a fait".

Aurélie Châtelain s'est-elle défendue ce jour-là, déjouant sans le savoir l'attentat que Ghlam s'apprêtait à commettre? Pour son père, au fond, peut importe: 

"Sa seule présence a fait que ça a déjoué cet attentat. Connaissant ma fille, je pense qu'elle s'est défendue. Elle ne se serait pas laissé faire. Je sais que cela ne va rien me ramener de plus. Mais c'est plus pour ma petite fille, pour mon entourage. Tout le monde le demande: il faut que la mémoire de ma fille continue".

"La population est derrière moi"

Aujourd'hui, sa ville de Caudry, dans le Nord, se bat pour qu'Aurélie Châtelain soit décorée. Guy Bricout, le maire divers droite de Caudry, a écrit au président de la République, raconte-t-il à RMC:

"Le président de la République m'a répondu en disant que le dossier était actuellement à l'étude. Je me bats avec les parlementaires locaux. Les parlementaires sont derrière moi, la population est derrière moi".

L'édile ne s'explique pas une telle décision.

"Elle a été tuée, elle a été assassinée. Elle a une petite fille de cinq ans. Mais malgré cela, elle ne l'a pas eue. Il y a quelque-chose qui m'échappe dans ce dossier".

Une chose est sûre: à Caudry, on se battra jusqu'au bout pour qu'Aurélie soit distinguée.

C. P. avec Céline Martelet