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Les "marinistes" veulent maintenant faire exploser l'UMP

L'équipe de campagne de Marine Le Pen a accueilli dimanche comme une victoire la troisième position de la candidate du Front national au premier tour de l'élection présidentielle en France avec près de 20% des voix. /Photo prise le 22 avril 2012/REUTERS/V

L'équipe de campagne de Marine Le Pen a accueilli dimanche comme une victoire la troisième position de la candidate du Front national au premier tour de l'élection présidentielle en France avec près de 20% des voix. /Photo prise le 22 avril 2012/REUTERS/V - -

par Gérard Bon PARIS (Reuters) - L'équipe de campagne de Marine Le Pen a accueilli dimanche comme une victoire la troisième position de la candidate...

par Gérard Bon

PARIS (Reuters) - L'équipe de campagne de Marine Le Pen a accueilli dimanche comme une victoire la troisième position de la candidate du Front national au premier tour de l'élection présidentielle en France avec près de 20% des voix.

"Victoire ! Victoire !", ont scandé dans une grande clameur plus de 500 cadres et soutiens réunis dans une salle du XVe arrondissement de Paris.

Même si l'espoir d'une qualification au second tour s'est envolé, la présidente du Front national dépasse le score historique obtenu par son père en 2002 (16,86%), ce qui devrait permettre au FN de jouer les trouble-fête aux élections législatives de juin.

Pour les jeunes militants rassemblés devant un écran géant salle Equinoxe, l'objectif est à présent "d'"exploser" l'UMP aux législatives.

A 43 ans, la présidente du Front national a réussi son pari de relever un parti affaibli par les scrutins de 2007, d'adoucir son image - ce qu'elle appelle un "marinisme décomplexé" - et de s'implanter durablement.

"C'est une victoire, ça prouve que les Français adhèrent de plus en plus au programme du FN, sur tous les sujets", a dit Jean-Michel Dubois, le trésorier de la campagne, avec le calme des vieilles troupes.

Pour Marion Le Pen-Maréchal, petite-fille de Jean-Marie Le Pen, le score de la candidate marque un "nouveau départ pour le FN. "A partir d'aujourd'hui, nous allons nous positionner comme la réelle opposition", a-t-elle dit.

Florian Philippot, le directeur de campagne, qui voit sa stratégie validée, estime que tout le mérite en revient à la candidate. "Marine a fait une très belle campagne, on a toujours été très confiants", a-t-il dit à des journalistes.

Selon lui, les Français ont envoyé à Nicolas Sarkozy un "message de changement".

CHAMP DE RUINES

Marine Le Pen devait prendre la parole vers 21h00 sur une estrade bleu marine, devant trois drapeaux tricolores. La salle devait accueillir plus tard une soirée dansante.

En élégante veste noire, flanquée d'un badge "I love Marine", Kevin, un jeune "mariniste", voit de l'espoir dans le score de sa championne, "et pas seulement pour les législatives.

"Il va y avoir du changement dans ce pays, ça va se voir", dit-il tout sourire.

Le score de dimanche apparaît comme une forme de couronnement pour la fille de Jean-Marie Le Pen, qui a mené une campagne longue - quasiment depuis janvier 2011 - et harassante.

Elle estime avoir été le "centre de gravité" de la campagne, forçant par exemple Nicolas Sarkozy à parler des "oubliés" et à réagir sur la viande halal ou la venue en France de prédicateurs islamiques.

Elle a aussi la satisfaction de laisser loin derrière elle son ennemi juré, le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, donné quatrième avec autour de 11% des suffrages.

Depuis son accession à la tête du parti, Marine Le Pen parie sur une implosion de l'UMP au lendemain du scrutin présidentiel, du moins si Nicolas Sarkozy mord la poussière au soir du 6 mai.

"Nicolas Sarkozy a dit qu'il allait partir s'il perdait. Il va donc laisser un champ de ruines", déclarait-elle jeudi dernier. "Il n'a plus aucune chance de gagner. C'est une évidence. Il le sait lui-même."

Dans cette optique, la dirigeante du FN conduira la bataille des législatives à la tête d'un rassemblement patriotique susceptible d'attirer des élus UMP soucieux de sauver leur siège ou d'accepter des arrangements.

L'objectif minimum pour le FN est de faire son retour à l'Assemblée nationale, ce qui serait une première depuis 1986. Le parti avait alors obtenu 35 députés grâce à la proportionnelle.

Edité par Gilles Trequesser

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