Les socialistes unis pour rendre hommage à François Mitterrand

Les dirigeants socialistes ont rendu hommage vendredi à François Mitterrand à l'occasion du 15e anniversaire de sa mort, avant de se presser samedi sur la tombe de l'unique président socialiste de la Ve République. /Photo d'archives/REUTERS/Régis Duvignau - -
PARIS (Reuters) - Les dirigeants socialistes ont rendu hommage vendredi à François Mitterrand à l'occasion du 15e anniversaire de sa mort, avant de se presser samedi sur la tombe de l'unique président socialiste de la Ve République.
En ce début 2011, année où l'on célèbrera également les 30 ans de son entrée à l'Elysée, le 10 mai 1981, commémorations et commentaires prennent un relief particulier, à 16 mois de la prochaine élection présidentielle.
Samedi, la cérémonie, réglée au millimètre près pour éviter tout incident diplomatique, rassemblera Ségolène Royal et Martine Aubry, qui pourraient se disputer l'investiture présidentielle, aux côtés de la famille de l'ancien chef de l'Etat, de la direction du PS et d'anciens ministres.
Plusieurs anciens Premiers ministres manqueront cependant à l'appel comme Michel Rocard et Laurent Fabius.
L'ancien Premier ministre Lionel Jospin et candidat à l'élection présidentielle de 2002, qui avait revendiqué un "droit d'inventaire" sur les années Mitterrand, ne fera pas le déplacement non plus.
Arnaud Montebourg, candidat déclaré à la primaire, sera présent mais pas Manuel Valls, qui se refuse à "verser dans la nostalgie".
Du placement des personnalités devant le caveau de François Mitterrand au cimetière Grand'Maisons à l'ordre de dépôt des gerbes puis des allocutions, qui ne devront pas dépasser cinq minutes chacune, le protocole a été réglé avec minutie.
Devant les 450 personnes réunies pour un "déjeuner amical", le maire de Jarnac, Jérôme Royer, parlera en premier avant Ségolène Royal, qui s'exprimera en tant que présidente de la région Poitou-Charentes.
Le Premier secrétaire du PS, Martine Aubry, et l'ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, qui préside l'institut François Mitterrand, s'exprimeront ensuite.
"Il incarnait la France avec dignité et volontarisme", déclare vendredi le premier secrétaire du Parti socialiste dans le quotidien régional La Charente Libre.
"Il a aussi toujours été un homme de réconciliation", souligne la maire de Lille à l'orée d'une année délicate pour le PS, ponctuée de trois échéances électorales, cantonales en mars, sénatoriales en septembre et primaire présidentielle en octobre.
"François Mitterrand manque beaucoup à la gauche, particulièrement cette année", a commenté l'homme d'affaires Pierre Bergé sur Europe 1.
"LE REPÈRE ESSENTIEL"
Aujourd'hui, "l'ancien président apparaît comme le repère essentiel et l'absent capital", résume-t-il dans L'Express, doutant d'une nouvelle victoire de la gauche, en 2012.
Trente ans après, les socialistes dressent la liste des acquis mitterrandiens, de l'abolition de la peine de mort à la décentralisation en passant par la liberté de l'audiovisuel.
François Mitterrand avait une "capacité à se projeter dans le futur sans rester collé à la vitrine de l'actualité", estime l'ancien ministre de la Culture Jack Lang, dans le quotidien 20 minutes.
Les "éléphants" tirent également des enseignements stratégiques des années Mitterrand, qui avait réuni le PS puis la gauche pour battre Valéry Giscard d'Estaing, tout en soulignant que les temps ont changé.
Paul Quilès, ancien ministre de la Défense, se rendra à Jarnac samedi non par amour des "grands épanchements collectifs" mais parce qu'il "souhaite manifester ainsi (s)a reconnaissance à l'homme qui a rendu possible la venue - si improbable et si contestée à l'époque - de la gauche au pouvoir".
Martine Aubry, qui s'enorgueillit d'avoir remis le PS au travail depuis 2008, concède qu'on ne peut pas régler "les problèmes d'aujourd'hui avec les recettes d'il y a 30 ans".
Mais François Mitterrand "redonnerait la hauteur de vue, la vision et le volontarisme qui manque aux chefs d'Etat plutôt à plat ventre devant la finance", explique la fille de Jacques Delors dans La Charente Libre.
Laure Bretton, édité par Yves Clarisse