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Logement social: "On ne peut pas construire", déplorent des élus locaux

68 maires des Bouches-du-Rhône ont été convoqués par le préfet de région pour les exhorter à construire rapidement. (Photo d'illustration)

68 maires des Bouches-du-Rhône ont été convoqués par le préfet de région pour les exhorter à construire rapidement. (Photo d'illustration) - AFP

Mercredi, 68 maires des Bouches-du-Rhône ont été convoqués par le préfet de région pour les exhorter à construire rapidement des logements sociaux, en vertu de la loi SRU. Sous la menace de préemptions de terrains, les élus locaux sont en colère, notamment en raison des pénalités qu’ils doivent payer.

Le gouvernement poursuit sa chasse aux mauvais élèves du logement social. Aujourd'hui, 1.022 communes en France, répondant aux critères de la loi SRU (communes de plus de 3.500 habitants appartenant à une agglomération de 50.000 résidents), sont en dessous des 25% demandés.

Mercredi, ce sont 68 maires des Bouches-du-Rhône qui ont été convoqués par le préfet de région pour les exhorter à construire rapidement et leur proposer des "contrats de mixité sociale" destinés à les aider. Ce département détient le record des villes déficitaires avec 42 communes considérées comme "carencées" en logement social (sur 222 en tout en France).

"Inadmissible d'être traité de hors-la-loi"

Ces édiles, qui sont sous la menace de préemptions de terrains de la part de l’État, en ont surtout profité pour exprimer leur colère, notamment en raison des pénalités qu’ils doivent payer. Georges Cristiani est président de l’association des "Maires du 13" et maire de Mimet, une commune de 4.500 habitants considérée comme "carencée" , qui doit payer 200.000 euros de pénalités. Il en veut au ministre de la Ville, Patrick Kanner.

"On le prend très mal parce qu’on n’est pas des petits garçons qui ne veulent pas construire des logements sociaux: on ne peut pas les construire", s’emporte-t-il au micro de RMC. "Ca ne peut pas être aussi simple que ça. Mais si le ministre sait si bien faire, et mieux que les maires, on lui donne les clés de notre mairie et il va se débrouiller pour essayer de trouver des terrains constructibles susceptibles de les recevoir sans risque! Sans risque inondation, sans risque forestier, qui ne soit pas protégé par une zone naturelle, etc. Il va essayer de discuter aussi avec la population, parce qu’il y a une vie, ici. A un moment donné, il arrêtera de nous traiter comme des hors-la-loi. C’est inadmissible d’être traité de hors-la-loi!"

"Il faudrait que je rase des maisons pour construire"

Didier Khelfa est le maire de Saint-Chamas, 7.500 habitants, une commune considérée comme déficitaire en logements sociaux. Lui aussi prend très mal le fait de se faire tirer les oreilles…

"On nous prend pour des cancres et on veut venir nous tirer l’oreille pour dire: ‘messieurs, vous n’êtes pas en règle’", s’indigne-t-il. "Par exemple, sur ma commune, j’ai deux zones ‘natura 2.000’. Je suis au bord de l’étang de Berre. J’ai la loi littoral qui s’applique ; la préservation des espaces naturels ; la préservation des espaces agricoles… J’ai un foncier disponible pour de l’urbanisation qui est très faible! Aujourd’hui, il faudrait que je rase des maisons pour construire du logement social. On ne peut pas raser une maison et mettre un bâtiment de 50 logements en plein centre-ville à côté d’une école, par exemple, parce qu’on sait qu’on va saturer en matière de stationnement. Quand on créée du logement social, il faut penser à tous les équipements qui vont avec".

"On ne rattrapera jamais le retard"

Hélène Gente est la maire de Mallemort, 6 000 habitants, commune elle-aussi considérée comme carencée. Elle doit construire 168 logements sociaux pour rattraper son retard, mais elle ne voit pas comment y arriver.

"Les gens ne sont pas hostiles au logement social, ils sont hostiles aux grandes barres", explique-t-elle. "Et Mallemort est un village, une commune rurale: il est vrai que je présente du logement social en petites unités. Dix logements sociaux dans une partie de la commune, dix autres ailleurs, etc. Et on est loin des 168 logements demandés, si on part sur des petites unités de dix logements. Vous comprendrez bien que l’on ne rattrapera jamais le retard et les 25% demandés de logements sociaux. Et donc, on aura l’amende de 199.000 euros de pénalités".
C. P. avec Lionel Dian