Lutte contre le racisme et l'antisémitisme: "Le non-dit c'est ce qu'il y a de pire"

Sur le terrain, l'association Coexister lutte contre le racisme au quotidien - AFP
Alors que les actes racistes et antisémites sont de plus en plus nombreux en France, Manuel Valls dévoile ce vendredi matin un plan de lutte. Concrètement, le Premier ministre doit annoncer toute une série de mesures juridiques comme pédagogiques pour sanctionner davantage les propos haineux notamment sur les réseaux sociaux. Un plan très attendu par les associations.
"Une exacerbation des communautarismes"
Ce vendredi RMC s'est focalisée sur l'une d'entre elles: l'association Coexister. Depuis 6 ans, cette association organise des ateliers au sein des classes pour déconstruire les clichés sur les religions et les communautés. Et depuis les attentats de janvier, les demandes des établissements scolaires explosent. "La croissance est assez extraordinaire, je ne sais pas si c'est heureux ou malheureux d'ailleurs. Avant, nous étions à douze interventions par mois dans les écoles maintenant nous en sommes à une à deux par jour", indique Samuel Grzybowski le président de Coexister.
"En même temps, depuis janvier, nous sommes dans un tel climat de tensions que cela crée une défiance, un ras-le-bol et une exacerbation des communautarismes. Et c'est contre cela que nous travaillons", ajoute-t-il. Concrètement, sur place, comment ces ateliers se déroulent-ils? "Pourquoi est-on toujours obliger de se 'taper sur la gueule alors que les trois religions monothéistes sont d'accord sur plein de trucs?" C'est le genre de débat qu'animent Anne-Louise et Clémence, la vingtaine, qui parlent le même langage que les adolescents en face d'elles. Un phrasé essentiel car sur la question du racisme les langues ont du mal à se délier.
"Débusquer les clichés"
Et lorsque Anne-Louis demande à cette classe de définir un musulman, les clichés ressortent: "Les merguez", "les terroristes", "les barbus"… Mais les clichés c'est justement sa cible: "Je les débusque pour qu'on puisse parler parce que le non-dit c'est ce qu'il y a de pire. Cela les bouffe de l'intérieur et c'est ce qui fait des adultes aigris". Alors pour cela les bénévoles de Coexister utilisent des petits jeux, des ateliers avec pour objectif d'inciter les élèves à discuter, à s'intéresser aux autres.
Un message qui, ce jour-là, semble avoir été entendu par les lycéens. "C'est vraiment important de le faire parce qu'on voit que cela peut mener à la haine et que cela pose vraiment beaucoup de problèmes en France en ce moment", certifie sur RMC, Emilien 16 ans. Depuis le mois de janvier, la toute jeune association a multiplié son nombre de bénévoles par deux (300 à 600). Preuve que la demande est immense après le choc des attentats.