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Malgré l'interdiction, de plus en plus de mineurs jouent aux jeux d'argent

Parmi les jeux d'argent, ce sont les jeux de grattage qui ont les faveurs des joueurs Français.

Parmi les jeux d'argent, ce sont les jeux de grattage qui ont les faveurs des joueurs Français. - Frank Perry - AFP

Les Français sont toujours plus nombreux à jouer aux jeux d'argent, selon le dernier rapport de l'Observatoire des Jeux. Ils dépensent également plus et jouent plus souvent. Malgré l'interdiction aux mineurs, de plus en plus de jeunes entre 15 et 17 ans jouent aux jeux de grattage, de paris sportifs ou de tirage. Un phénomène qui inquiète les addictologues.

Effet de la crise, appât du gain, excitation du jeu… Les Français sont de plus en plus nombreux à jouer aux jeux, selon le dernier rapport de l'Observatoire des Jeux. Plus de la moitié des Français (56,2%) a joué au moins une fois à un jeu d'argent en 2014. Ils jouent plus souvent et dépensent plus d'argent.

Plus problématique, la pratique touche de plus en plus les jeunes entre 15 et 17 ans. Un jeune mineur sur trois déclare avoir joué au moins une fois à un jeu d’argent et de hasard au cours de l’année écoulée. Majoritairement sur le "réseau physique", puisque, paradoxalement, le jeu en ligne est pratiqué par seulement 6,5 % des joueurs mineurs, pourtant adepte d'Internet. Les activités principalement pratiquées sont : les jeux de grattage (66,5 %), les paris sportifs (31,7 %) et les jeux de tirage (22,4 %).

"Quand on est lycéen ça permet de se faire un petit revenu"

La loi française interdit pourtant l’offre de jeux d’argent et de hasard aux mineurs tant sur Internet qu’auprès des opérateurs physiques sous monopole. Mais la tentation est trop forte. "C'est une certaine excitation de se dire: 'je vais peut-être gagner quelque chose alors que j'aurais mis quasiment rien dedans'", raconte Jonathan,17 ans, qu'a rencontré RMC en plein grattage. Une passion qui lui est venue très tôt: "J'ai commencé à 6 ans. J'ai commencé très jeune parce que mes parents ramenaient des jeux à gratter Morpions à la maison". Dans sa bande de copains, tout le monde joue à des jeux d'argents. A chacun sa préférence. "Moi c'est plutôt les paris sportifs, affirme Antoine. Je parie sur le résultat d'un match de tennis ou de foot. Je mets 5 ou 10 euros quand je suis assuré de gagner. Quand on est lycéen ça permet de se faire un petit revenu".

Mais il n'y a pas que l'appât du gain, assure Jérémy. "C'est surtout l'excitation, on ne regarde pas le match de la même façon avec un peu plus d'appréhension, ce n'est pas comme si on était affalé sur le canapé en se disant 'peu importe qui gagne'. Là on se dit 'il faut vraiment qu'ils gagnent'".

"Une excitation comparable à un trait de cocaïne"

Sauf que les mineurs ont deux fois plus de risque de développer une addiction que les adultes. "Plus un usage est précoce plus les soucis sont au rendez-vous en terme de dépendance ou d'usage problématique, confirme le docteur William Lowenstein, président de SOS addictions. Il y a encore deux ans, on avait peut-être une consultation par semaine de jeune. Maintenant c'est quotidien. L'excitation du jeu peut correspondre pour certains à une stimulation aussi importante qu'un trait de cocaïne". Seule solution selon les addictologues : la prévention, au même titre que la drogue ou l'alcool.

Philippe Gril avec Amélie Rosique