Maltraitances dans une maison de retraite: "Dans cet établissement, c'est débrouille toi tout seul"

Trois adolescentes sont soupçonnées d'avoir maltraité des personnes âgées dans une maison de retraite (illustration) - AFP
Trois adolescentes sont soupçonnées d'avoir maltraité trois personnes âgées dans une maison de retraite. Elles auraient ensuite envoyé une trentaine de vidéos à leurs amis et camarades de classe via l'application de partage de vidéos Snapchat. Les faits se sont passé dans l'EPHAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, ndlr), "Le château Louge", à Annet-sur-Marne, en Seine-de Marne. Un établissement privé qui accueille environ 85 pensionnaires dont une unité sécurisée pour personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.
"Un fait qui interpelle"
Les trois adolescentes âgées de 16 et 17 ans sont, quant à elles, scolarisées en première année d'ASSP (Accompagnement, soins et services à la personne) dans le lycée professionnel Jean Moulin de Torcy, à quelques kilomètres de l'Ephad. Suite à la révélation de ces faits Joseph Krummenacker, président de la FNAPAEF, Fédération Nationale des Associations des personnes âgés et de leur famille, estime que les trois lycéennes ne sont pas les seules en cause dans cette affaire.
"On peut imaginer qu'elles ont peut-être été laissées trop autonomes ou pas suffisamment accompagnées pour pouvoir faire des fantaisies comme celles-là. C'est un fait qui interpelle, déclare-t-il sur RMC. Pour accompagner des personnes atteintes d'Alzheimer, cela suppose d'une part des qualités naturelles, ce qui interroge sur comment on sélectionne des élèves, mais aussi de la formation, beaucoup de formation… Et pour cela, il faut du monde".
"Un peu comme à la chaîne"
Un manque de personnel dénoncé aussi par Marie, 19 ans. Cette jeune femme a passé son bac professionnel l'an dernier après avoir suivi la même formation ASSP dans le même établissement scolaire que les trois lycéennes mises en cause. Elle se souvient que dès son premier stage en Ephad, en classe de première, elle devait assumer la charge de travail d'un professionnel confirmé: "On est là en tant que stagiaire, pour apprendre, mais on est aussi considéré comme de la main d'œuvre. On est plus là en tant qu'aide en réalité".
"On a une semaine d'observation et ensuite on est tout de suite dans le bain. On s'occupe rapidement de trois ou quatre personnes âgées par matin, souligne-t-elle encore. On est souvent tout seul, on n'est pas avec des professionnels de l'établissement. Et c'est comme ça pendant tout le mois de stage". Et d'ajouter: "Parfois les matinées sont longues. Imaginez-vous être entouré toute la journée de pleins de personnes âgées, qui ne parlent pas forcément… En fait, c'est un peu comme à la chaîne: débrouille toi tout seul."