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Marine Le Pen déjà engagée dans le troisième tour

Marine Le Pen, qui a obtenu au premier tour de l'élection présidentielle un résultat historique pour son parti, 17,9% des voix, est partie sans attendre en campagne pour les législatives, avec l'espoir de semer un peu plus le trouble au sein de l'UMP. La

Marine Le Pen, qui a obtenu au premier tour de l'élection présidentielle un résultat historique pour son parti, 17,9% des voix, est partie sans attendre en campagne pour les législatives, avec l'espoir de semer un peu plus le trouble au sein de l'UMP. La - -

par Gérard Bon PARIS (Reuters) - Marine Le Pen mise sur une guerre des chefs à droite en cas de défaite de Nicolas Sarkozy au second tour de la...

par Gérard Bon

PARIS (Reuters) - Marine Le Pen mise sur une guerre des chefs à droite en cas de défaite de Nicolas Sarkozy au second tour de la présidentielle pour faire imploser l'UMP et briser le mur du scrutin majoritaire, qui prive son parti de députés depuis 1986.

La présidente du Front national, qui a obtenu dimanche un résultat historique pour son parti, 17,9% des voix, est donc partie sans attendre en campagne pour les législatives, avec l'espoir de semer un peu plus le trouble au sein de l'UMP.

La recomposition dont rêve Marine Le Pen pourrait en fait intervenir après les législatives, car les triangulaires qui s'annoncent - là où le FN obtiendra plus de 12,5% des inscrits - pourraient se révéler ravageuses pour ses adversaires.

Les triangulaires au second tour favorisent généralement la gauche, comme l'ont montré les élections législatives de 1997.

"Mais il n'y a pas que l'UMP que le FN risque de gêner au second tour des législatives. Il y a des circonscriptions où la gauche se présente au premier tour en ordre dispersé avec le risque d'obtenir moins de 12,5%", explique un député socialiste.

"De plus, il ne faut pas oublier le redécoupage des circonscriptions qui est dans l'ensemble défavorable à la gauche. Dans ce cas il faudra bien appeler au 'vote républicain' afin de barrer la route au candidat frontiste", ajoute-t-il.

Les stratèges "marinistes", qui ont en tête les cantonales de 2011 où ils n'avaient obtenu que deux sièges - l'un vient d'être invalidé - en dépit d'une percée, restent prudents sur le nombre de députés susceptibles d'entrer à l'Assemblée nationale.

Louis Aliot, vice-président, ne veut pas croire qu'avec près de 18% des voix, le futur "Rassemblement bleu Marine" comprenant des ex-chevènementistes et villiéristes ne puisse pas obtenir un groupe, soit au moins quinze élus.

L'UMP RELATIVISE LE DANGER

Même si elle n'a pas dépassé la barre symbolique des 20%, Marine Le Pen a en effet fait beaucoup mieux dimanche qu'égaler son père, 6,4 millions de Français ayant voté pour elle, soit 1,6 million de mieux qu'en 2002.

Dès lundi, la présidente du FN a annoncé devant son bureau politique qu'en transposant les résultats de la présidentielle aux législatives, son parti serait en mesure de se maintenir au second tour dans 353 circonscriptions sur 577, soit autant de triangulaires.

Mais ses adversaires relativisent en rappelant qu'aux législatives de 1997 le FN avait obtenu 15% des voix et provoqué 76 triangulaires majoritairement fatales à la droite, sans pour autant obtenir d'élus.

En outre, la participation aux législatives est généralement moins élevée qu'au scrutin présidentiel, ce qui élèverait à 20% des inscrits la barre nécessaire aux candidats FN pour se maintenir.

Dans Le Figaro, Alain Marleix, secrétaire national UMP aux élections, estime que ceux qui parlent "de cent primaires aux législatives de 2012 ne sont pas crédibles".

Malgré la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002, le FN avait échoué à se poser en arbitre des législatives qui avaient suivi, rappelle-t-il.

QUELQUES DÉPUTÉS FN ?

Jean-Marie Le Pen, président d'honneur du FN et réputé pour son expertise électorale, se prend pourtant à rêver d'une nouvelle poussée frontiste en juin qui verrait, cette fois, le scrutin majoritaire se retourner contre "le système".

"Il y aura une déshérence très forte pour l'UMP si Nicolas Sarkozy est battu, surtout s'il s'en va (de la vie politique). Il a dit qu'il s'en irait, bonne brise", dit-il à Reuters.

"Le scrutin majoritaire à deux tours a maintenu l'UMP au pouvoir pendant des décennies. Il peut très bien le balayer d'un coup", ajoute le fondateur du parti.

Un député de gauche estime que Marine Le Pen pourra "tirer les marrons du feu" dans les circonscriptions où resteront en lice pour le second tour un candidat UMP, un candidat de gauche et un candidat FN.

"Je ne serais pas étonné de l'arrivée de quelques députés FN à l'Assemblée à commencer par Marine Le Pen dans le Pas-de-Calais", dit-il.

La mieux placée dans la bataille de juin est en effet Marine Le Pen elle-même, qui a réalisé dimanche 35% dans sa circonscription d'Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais. En 2007, elle avait obtenu 41,65% aux législatives.

Ses proches considèrent que d'autres circonscriptions sont gagnables dans le département.

Une autre Le Pen - Marion Maréchal- encouragée par son grand-père, va concourir avec des chances de faire un très bon score à Carpentras, dans une circonscription où sa tante a obtenu 28,53% à la présidentielle.

Parallèlement, la présidente du FN - pour qui le ton a changé à son égard - mise sur des élus de terrain UMP pour rompre le cordon sanitaire imposé par leur direction.

Avec Emile Picy, édité par Yves Clarisse

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