Marine Le Pen dicte le jeu avant le second tour des cantonales

Le FN, qui a obtenu un score historique de plus de 15% des voix au premier tour des cantonales, un scrutin local qui ne l'avantageait guère a priori, est en position de force. /Photo prise le 15 mars 2011/ REUTERS/Tony Gentile - -
PARIS (Reuters) - La posture à adopter face à la percée du Front national agite les états-majors des partis politiques avant le deuxième tour des élections cantonales, avec une certaine confusion dans les rangs de l'UMP et davantage de clarté du côté du Parti socialiste.
Le FN, qui a obtenu un score historique de plus de 15% des voix dans un scrutin local qui ne l'avantageait guère a priori, est en position de force et appelle simplement ses électeurs à amplifier dimanche prochain le résultat du premier tour.
L'UMP refuse toute alliance avec le FN mais ne donne pas de consigne de vote à ses électeurs, une position loin de faire l'unanimité dans la majorité.
La gauche, socialistes en tête, appelle pour sa part à faire barrage au FN, quitte à voter pour un candidat UMP.
L'UMP, créditée de 17% et donc talonnée par le Front national après la première levée d'un scrutin qui confirme sa réputation de vote sanction, a défini sa stratégie dès dimanche soir par la voix de son secrétaire général, Jean-François Copé : "Ni alliance avec le FN, ni front républicain."
Cette prise de position a fait grincer des dents au sein de la majorité, notamment chez les centristes, le MoDem la jugeant "irresponsable".
Le patron de l'UMP, qui mène depuis des semaines le débat dans la majorité sur la riposte à apporter à la montée du FN dans l'opinion, a tenté lundi de clarifier sa position.
"Nous ne voterons jamais pour le Front national", a dit Jean-François Copé sur RTL. "De la même manière, pas question de préconiser un vote pour un front républicain car c'est un vote pour le PS".
"La gauche et la droite, ce n'est pas pareil (...). Je ne vois pas pourquoi on appellerait à voter de façon systématique pour le PS", a-t-il ajouté.
"BULLETIN DE VOTE ADÉQUAT"
Certains à l'UMP ne partagent pas ce point de vue, notamment Valérie Pécresse, la ministre de l'Enseignement supérieur, qui a dit qu'elle voterait pour le candidat de gauche en cas de duel au second tour face au FN.
"Elle a dit cela à titre personnel", a réagi Jean-François Copé en expliquant qu'il n'avait jamais "interdit de voter pour le PS" et qu'il laissait simplement le choix aux électeurs de droite.
A gauche, les choses sont plus claires. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, dont le parti distance nettement l'UMP avec 25% des suffrages, a lancé dimanche soir un mot d'ordre sans équivoque.
Il faut absolument empêcher le FN d'avoir des élus, a-t-elle dit lors d'une conférence de presse commune avec Pierre Laurent (PCF) et Cécile Duflot (Europe écologie-Les Verts) sur une péniche parisienne.
Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a été encore plus explicite lundi matin.
"Nous appelons à faire barrage au Front national et à utiliser le bulletin de vote adéquat", a-t-il dit sur France Inter. "Si c'est un bulletin de vote UMP, utilisez-le pour éviter que le Front national ne l'emporte".
"Oui, comme en mai 2002", a-t-il ajouté, en référence au second tour de la présidentielle cette année-là, qui avait vu Jacques Chirac étriller Jean-Marie Le Pen avec plus de 82% des voix grâce à un apport massif de voix de gauche.
Le score du FN, qui promet d'occuper le coeur du débat politique jusqu'à la présidentielle de 2012 où Marine Le Pen visera une place au second tour, a presque occulté l'autre enseignement du premier tour de ces cantonales: une abstention record, à plus de 55%.
Le Premier ministre François Fillon a insisté sur ce point.
"J'invite chacun à se mobiliser pour le second tour car, dans beaucoup de cantons, rien n'est encore joué", a-t-il dit, appelant la droite républicaine à "se rassembler autour de ses valeurs et de ses projets".
Patrick Vignal, édité par Yves Clarisse