Marine Le Pen fait son Zénith en rêvant d'un gros chiffre

L'heure du bilan approche pour la première campagne présidentielle de Marine Le Pen, qui tient ce mardi soir au Zénith de Paris son dernier meeting avant le premier tour et rêve toujours d'un score historique pour le Front national. /Photo prise le 15 avr - -
par Patrick Vignal
PARIS (Reuters) - L'heure du bilan approche pour la première campagne présidentielle de Marine Le Pen, qui tient ce mardi soir au Zénith de Paris son dernier meeting avant le premier tour et rêve toujours d'un score historique pour le Front national.
Mais si la fille de Jean-Marie Le Pen, qui avait brigué l'Elysée à quatre reprises entre 1988 et 2007, était encore créditée de 20% d'intentions de vote en janvier dernier, elle plafonne désormais autour de 16% dans les sondages.
Non seulement l'écart avec les deux favoris que sont François Hollande et Nicolas Sarkozy lui interdit tout espoir raisonnable d'accéder au second tour mais elle est à présent sous la menace de Jean-Luc Mélenchon, qui la talonne souvent, la dépasse parfois et pourrait la priver du podium.
Son équipe de campagne veut toutefois croire à un frémissement de dernière minute et lui a fixé un objectif clair : battre le record du FN lors d'une présidentielle, établi par son père en 2002 avec 16,86% des suffrages, même si un score similaire ne lui permettrait sans doute pas cette fois de se qualifier pour le duel final.
"Je crois que ce sera beaucoup plus serré qu'on ne le dit", a dit Marine Le Pen dans un entretien accordé en fin de semaine dernière au journal Le Monde. "Je me vois à plus de 20%".
L'enjeu est de taille pour celle dont la stratégie de "dédiabolisation" est loin de faire l'unanimité au sein de son parti et serait considérée comme un échec si elle réalisait un score en dessous de 15%.
Le premier tour, dimanche prochain, doit également lui servir de tremplin pour les législatives du mois de juin, un scrutin majoritaire si souvent marqué par des désillusions pour le FN, qui n'en brûle pas moins d'envie de s'offrir une représentation parlementaire afin de s'inscrire durablement dans le paysage politique hexagonal.
RETOUR AUX "FONDAMENTAUX"
La révolution entreprise par Marine Le Pen lorsqu'elle a pris en janvier 2011 les rênes d'un parti fondé et incarné pendant trois décennies par son père sera jugée à l'aune de son résultat à la présidentielle.
Ses efforts pour rendre plus présentable une formation accompagnée depuis toujours par un parfum de soufre affichent leurs limites et le "ni droite, ni gauche" du début de sa campagne n'a pas vraiment convaincu, pas plus au sein de son parti qu'en dehors.
Sa tentative de surfer sur l'inquiétude provoquée par la crise qui ébranle la zone euro en plaçant l'économie en tête de son programme n'a pas été une franche réussite non plus.
Par-dessus tout, les limites de la "dédiabolisation" ont été illustrées par les difficultés bien réelles de Marine Le Pen à recueillir les 500 signatures d'élus nécessaires à se présenter, qui ont en outre parasité la première partie de sa campagne.
La récupération systématique de ses thèmes traditionnels par la droite parlementaire autour du président sortant ne lui a pas rendu service et le retour, opéré récemment, aux "fondamentaux" du FN que sont l'insécurité et surtout l'immigration, dans la foulée de l'affaire Mohamed Merah, ne semble pas avoir suffi à rassurer totalement l'électorat traditionnel du FN.
Marine Le Pen le sait, tout se joue maintenant. Pour abattre ses dernières cartes, elle n'a pas opté pour un grand rassemblement populaire comme les affectionnent les deux favoris et son grand rival dans la séduction du vote ouvrier, Jean-Luc Mélenchon. Elle a choisi plutôt une salle de spectacle traditionnelle d'une capacité de 6.000 places.
Celle qui a raillé les "show parisiens" de ses adversaires se produit donc tout de même dans la capitale, mais d'une autre façon, histoire de répéter une dernière fois qu'elle entend "redonner une voix à ceux qui n'en ont plus", comme elle l'a répété dimanche dans son fief de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais).
Le Zénith sera-t-il un symbole ? Marine Le Pen l'espère, qui rêve encore de réussir sa tentative d'offrir au Front national une nouvelle image, un nouveau visage et un nouveau prénom.
Edité par Yves Clarisse