Marine Le Pen se voit très haut en 2012

Marine Le Pen part favorite face à Bruno Gollnisch pour succéder à son père à la tête du Front national, les 15 et 16 janvier à Tours, et mettre sur orbite sa candidature à l'élection présidentielle de 2012. /Photo d'archives/REUTERS/Pascal Rossignol - -
par Gérard Bon
PARIS (Reuters) - Marine Le Pen part favorite face à Bruno Gollnisch pour succéder à son père à la tête du Front national, les 15 et 16 janvier à Tours, et mettre sur orbite sa candidature à l'élection présidentielle de 2012.
La vice-présidente du FN espère rééditer au scrutin présidentiel la performance de Jean-Marie Le Pen, qui s'était qualifié pour le second tour en 2002, et jeter les bases d'un grand parti populaire de gouvernement.
Jean-Marie Le Pen s'est dit certain la semaine dernière d'avoir été "le premier étage d'une fusée qui va en propulser une deuxième" qui, espère-t-il, "atteindra son but", l'Elysée.
Marine Le Pen, 42 ans, a pour unique rival Bruno Gollnisch, 60 ans, l'ancien "dauphin" auquel Jean-Marie Le Pen a finalement préféré sa benjamine, jugée plus combative et médiatique.
Si les sondages auprès des sympathisants donnent Marine Le Pen largement gagnante, le fait que seuls les 22.000 à 23.000 adhérents soient appelés à voter pourrait réduire l'écart. Jusque là, Jean-Marie Le Pen a été élu par acclamations.
Les résultats doivent être officiellement proclamés dimanche. Mais les bulletins seront dépouillés vendredi soir et des fuites sur l'issue du scrutin sont possibles.
Le FN ne semble pas envisager réellement le scénario d'une défaite de Marine Le Pen, car son agenda médiatique ne signale que des interventions de la benjamine de Le Pen après la proclamation des résultats.
Bruno Gollnisch, qui bénéficie de soutiens dans l'appareil frontiste et au sein de la vieille extrême droite française, a fait preuve d'opiniâtreté pendant la campagne interne, sans pouvoir empêcher sa rivale d'attirer toute la lumière.
AVOIR UN FN SOUDÉ POUR 2012
Marine Le Pen dit souhaiter un score plus qu'honorable pour l'ancien numéro deux afin de ne pas diviser le parti dans la perspective de la présidentielle.
"Je n'ai jamais pensé à une victoire écrasante et je n'y tiens pas du tout", dit-elle à Reuters.
Jean-Yves Camus, un chercheur spécialiste de l'extrême droite, estime qu'elle n'a pas intérêt à humilier son challenger.
"Pour faire une bonne campagne présidentielle, elle doit avoir derrière elle un FN soudé, pas un parti divisé par la succession de Jean-Marie Le Pen", explique-t-il.
La jeune femme, qui s'est efforcée depuis sept ans de "dédiaboliser" le FN et d'en donner une image plus moderne, a depuis plusieurs mois le vent en poupe.
Sa campagne face à Bruno Gollnisch lui a permis d'introduire l'idée - nouvelle au FN - de défense de la laïcité et des valeurs de la République. Des thèmes qu'elle a imposés aux autres formations politiques.
Elle espère convaincre les victimes de la crise, "livrées au chaos par un gouvernement qui n'a aucun plan B" et "absorber" une partie de l'électorat UMP.
Selon un sondage TNS Sofres diffusé mercredi, elle y parvient: au total, 43% des sympathisants de l'UMP souhaitent que le parti majoritaire passe une alliance avec le FN, alors qu'ils n'étaient que 23% en 2002.
GOLLNISCH Y CROIT ENCORE
Qualifiée de "candidate favorite du système" par ses adversaires, Marine Le Pen n'a toutefois pas éliminé tous les oripeaux de l'extrême droite française de son entourage, comme le montre une récente enquête de l'hebdomadaire L'Express.
Cette militante décomplexée n'a pas hésité non plus en décembre à marcher sur les pas de son père en comparant les prières de musulmans sur la voie publique à l'Occupation.
Cette sortie, dans le cadre des primaires, ne semble pas avoir terni son image de nationaliste modérée susceptible de séduire une partie de l'électorat UMP après avoir montré lors de scrutins locaux qu'elle pouvait prendre des voix à la gauche.
Bruno Gollnisch, qui a connu son quart d'heure médiatique lors des voeux de Jean-Marie Le Pen, faisait mine à la veille du dépouillement des votes de croire encore en ses chances.
"Certains ont déjà vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Je ne suis pas un outsider marginal", dit-il sur son blog.
L'ancien dauphin de Jean-Marie Le Pen a insisté lors de la campagne sur sa stature internationale et sa volonté de réconcilier "toute la famille" nationale.
Il a bénéficié du soutien d'une partie de la presse d'extrême droite, qui a mené une campagne virulente contre la benjamine de Le Pen.
Au-delà de l'élection du nouveau président du FN, l'enjeu du congrès de Tours sera la désignation du bureau politique, composé d'une trentaine de personnes.
Marine Le Pen devrait y intégrer, en fonction du résultat, un certain nombre de "gollnischiens" et proposer un poste important à son challenger.
Edité par Yves Clarisse