RMC

Nicolas Sarkozy peine à se remanier

L'année qui s'éloigne a vu Nicolas Sarkozy conclure une phase délicate de son quinquennat avant de s'engager par un remaniement laborieux dans la voie semée d'embûches menant à la présidentielle de 2012. /Photo prise le 4 novembre 2010/REUTERS/Benoît Tess

L'année qui s'éloigne a vu Nicolas Sarkozy conclure une phase délicate de son quinquennat avant de s'engager par un remaniement laborieux dans la voie semée d'embûches menant à la présidentielle de 2012. /Photo prise le 4 novembre 2010/REUTERS/Benoît Tess - -

par Patrick Vignal PARIS (Reuters) - L'année qui s'éloigne a vu Nicolas Sarkozy conclure une phase délicate de son quinquennat avant de s'engager...

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - L'année qui s'éloigne a vu Nicolas Sarkozy conclure une phase délicate de son quinquennat avant de s'engager par un remaniement laborieux dans la voie semée d'embûches menant à la présidentielle de 2012.

Un été sécuritaire dominé par le fameux discours de Grenoble puis par la polémique sur les expulsions de Roms a cédé la place à un automne social perturbé par la contestation de la réforme des retraites, finalement promulguée et considérée par le chef de l'Etat comme un symbole de sa volonté de réformer la France.

Le président s'est efforcé de paraître plus apaisé mais son style, jugé trop heurté par une large partie de l'opinion, continue de faire débat avec des polémiques à répétition.

Le changement de l'équipe gouvernementale, moins spectaculaire que prévu et marqué par un rééquilibrage des pouvoirs au profit de François Fillon, reconduit au poste de Premier ministre, n'a pas suffi à ralentir la chute du chef de l'Etat dans les sondages.

Sa cote est ainsi tombée à 24% de bonnes opinions selon une enquête TNS-Sofres pour Le Figaro Magazine publiée début décembre, trois semaines après que le remaniement du 14 novembre eut accouché d'un bataillon expurgé de sa composante centriste et resserré autour du noyau gaulliste de l'UMP.

En refermant la porte à l'ouverture et à la diversité, invitées lors du début de son mandat, le président a adressé un signal à l'électorat de droite dont il demeure le chef de file, même s'il entretient toujours un vague suspense quant à son intention de briguer dans un peu moins d'un an et demi un second quinquennat.

Il lui a fallu de longs mois pour en arriver là. En se livrant à ce grand classique de la chorégraphie politique à la française qu'est la valse-hésitation et en laissant l'hypothèse Jean-Louis Borloo gagner du terrain pour le poste de Premier ministre, Nicolas Sarkozy a semé le doute sur la netteté de ses intentions et dans l'esprit de ses partisans.

ALLIANCE

Sans doute conscient qu'il aurait du mal à justifier pourquoi il s'en séparait, le chef de l'Etat a donc choisi de continuer l'aventure avec un François Fillon passé maître dans l'art de prendre ses distances sans ruer dans les brancards.

"Nicolas Sarkozy n'a jamais été mon mentor", déclarait ainsi le Premier ministre fin septembre, alors que de nombreux observateurs le voyaient quitter Matignon.

"C'est l'histoire d'une alliance", ajoutait-il pour qualifier l'étrange relation entre deux piliers de l'exécutif aux caractères fort différents. "J'ai accepté, j'ai choisi de le soutenir et de faire alliance avec lui parce qu'il m'a semblé que c'était le meilleur candidat pour gagner l'élection présidentielle."

Ces propos conservent toute leur actualité et François Fillon a répété dans la foulée d'un remaniement dont il apparaît comme le grand vainqueur qu'il fallait serrer les rangs derrière le candidat naturel d'une droite qui n'avance plus masquée.

Cette droite sans complexe que Nicolas Sarkozy incarnait avant d'essayer des habits plus rassembleurs a ressurgi dans son discours de fin juillet à Grenoble, lorsqu'il a créé l'embarras jusque dans son propre camp en liant immigration et délinquance.

"Nous subissons les conséquences de cinquante années d'immigration insuffisamment régulée qui ont abouti à un échec de l'intégration", avait déclaré ce jour-là le chef de l'Etat.

Le fracas d'un été agité en outre par la controverse soulevée par les expulsions de Roms retombait à peine que des millions de Français descendaient ans la rue pour manifester leur attachement à la réforme à 60 ans.

CHANTIERS

Nicolas Sarkozy, pour qui le passage à 62 ans de l'âge légal de départ en retraite était inévitable, a tenu bon avant d'ouvrir un nouveau chapitre de sa présidence, qu'il souhaite international, social et plus consensuel.

En novembre à Séoul, la France prenait la présidence du G20, offrant au chef de l'Etat l'occasion d'appeler de ses voeux une finance moralisée et des changes stabilisés à l'heure où de dangereux déséquilibres menacent l'économie mondiale.

Sur le plan national, le président lançait simultanément deux chantiers d'envergure qui devraient parvenir à échéance au cours des deux prochaines années.

D'une part, une réforme de la fiscalité, avec la suppression du bouclier fiscal et de l'impôt sur la fortune, appelés à être remplacés dès 2011 par une taxe sur les revenus du patrimoine.

De l'autre, la création, à l'horizon 2012, d'une nouvelle branche de la Sécurité sociale pour faire face au problème croissant de la dépendance des personnes âgées.

Le président, qui s'est risqué à prédire que le chômage, première préoccupation des Français, reculerait en 2011, a réaffirmé que sa mission était de réformer avant de plaire.

Il lui faudra pourtant faire les deux, alors que se précise la menace Marine Le Pen et que certains brandissent déjà le spectre d'un "2002 à l'envers" avec un socialiste face au candidat du Front national au second tour en 2012.

Nicolas Sarkozy devra donc s'acharner à convaincre et séduire, ne serait-ce que démentir les propos de son ennemi intime Dominique de Villepin, qui a dit voir en lui "un des problèmes de la France".

Edité par Yves Clarisse

REUTERS