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Patrick Buisson, l'homme qui fera perdre Sarkozy en 2012

« Le Parti pris » d'Hervé Gattegno, c'est tous les matins à 7h50 sur RMC du lundi au vendredi.

« Le Parti pris » d'Hervé Gattegno, c'est tous les matins à 7h50 sur RMC du lundi au vendredi. - -

Patrick Buisson, conseiller de Nicolas Sarkozy est un homme que les Français ne connaissent pas. On le voit peu mais on en parle beaucoup. On dit de lui qu’il est l’inspirateur de la ligne droitière du président de la République. D'ailleurs, c'est lui qui fera perdre Sarkozy en 2012.

Nicolas Sarkozy est convaincu que Patrick Buisson est l’un des principaux artisans de sa victoire en 2007. Pourquoi ? Parce que c’est lui qui lui a soufflé l’idée de créer un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, et que Nicolas Sarkozy pense que ce signal a amené beaucoup d’électeurs à se détacher du FN pour se rallier à lui. Buisson, ce n’est pas un conseiller politique ordinaire : c’est un journaliste venu de l’extrême-droite et qui n’a jamais renié ses idées. Il aime le chant grégorien, la messe en latin et il est passionné par l’histoire de l’OAS et par la vie sexuelle en France sous l’Occupation. Un vrai progressiste. Depuis l’été dernier, on l’imagine derrière tous les choix qui divisent la majorité – les expulsions de Roms, le retrait de la nationalité, le fameux débat sur l’Islam et la laïcité… Et on a raison de l’imaginer car c’est la vérité. Mais on ne peut pas dire que ça produise d’excellents résultats !

Dans Paris-Match de cette semaine, Patrick Buisson défend pourtant cette stratégie au nom de la reconquête de l’électorat populaire…

C’est son leitmotiv. Il est persuadé que les catégories sociales les plus défavorisées forment les bataillons du lepénisme sans être d’extrême-droite pour autant – avis d’expert… Donc son pari, celui qu’il a « vendu » à Nicolas Sarkozy, c’est de mettre des mots sur ce qu’il analyse comme un malaise identitaire doublé d’un sentiment d’abandon. D’où la phrase de Guéant, sur ces Français qui auraient « le sentiment de ne plus être chez eux ». Et d’où la mise en cause répétée, martelée, de l’Islam. On croyait avoir compris que l’UMP préparait finalement un débat a minima sur le sujet – voire un enterrement de 1ère classe. Visiblement, Buisson n’est pas d’accord : il souhaite « des actes politiques lourds » et suggère « un nouveau code de la laïcité ». C’est Marine Le Pen qui va être contente !

Est-il en train de faire le jeu de l’extrême-droite ?

Peut-être pas consciemment – quoique. Sur le plan de l’arithmétique électorale, ça ne fait aucun doute – les résultats des cantonales parlent d’eux-mêmes, et dans les sondages, il faudrait être aveugle pour ne pas voir que la montée de Marine Le Pen coïncide avec la chute de Nicolas Sarkozy. Sur le plan idéologique, on ne voit pas bien en quoi la ligne Buisson se distingue de celle du FN. D’ailleurs lui-même a toujours dit qu’il ne voyait pas de différences de fond entre la droite et le FN. Son « plan de bataille » pour gagner en 2012, c’est : plus de fermeté sur l’immigration, le paquet sur l’identité nationale et une « grande loi de réhabilitation du travail ». C’était le programme de Nicolas Sarkozy… pour 2007 : il a dû se tromper dans ses fiches !

Est-ce que, tout simplement, son idée n’est pas que Nicolas Sarkozy refasse justement la même campagne qu’en 2007 ?

On voudrait le croire mais il y a une différence de taille. Le Sarkozy de 2003-2007 promettait des solutions ; il se distinguait par son volontarisme. Le Sarkozy d’aujourd’hui multiplie surtout les dénonciations (contre l’insécurité, la récidive, l’assistanat) et les divisions (Français-étrangers, laïcs-musulmans, travailleurs-assistés) mais comme il est au pouvoir, il exprime une forme de défaitisme. Buisson, lui, explique volontiers que la politique est d’abord une bataille d’idées. Comme il a introduit certaines des idées du FN à l’Elysée, il doit considérer qu’il a gagné sa bataille. Rien n’indique que ça aide Nicolas Sarkozy a gagner la sienne dans un an. Au contraire. Mais c’est à lui de décider.

Ecoutez «le parti pris» de ce vendredi 1 avril avec Hervé Gattegno et Jean-Jacques Bourdin:

Hervé Gattegno