Pédophilie: "On espère que les responsables de la mécanique du silence dans l'Eglise seront inquiétés"

- - AFP
Le pape François accroît la pression sur les évêques négligents. Désormais les évêques pourront être révoqués pour "négligence dans l'exercice de leurs fonctions vis à vis des cas d'abus sexuels commis sur des mineurs et des adultes vulnérables".
Dans une lettre apostolique intitulée "Comme une mère aimante", le Saint père rappelle que l'Eglise aime tous ses fils mais soigne et protège avec une affection toute particulière les plus faibles et les sans-défense. Le Pape annonce aussi la création d'un collège de juristes pour l'aider à prononcer ces révocations.
Pour l'historien des religions Odon Vallet, cette position "officielle" devrait permettre de lever le voile sur des situations d'abus à travers le monde: "Je pense qu'en Europe, très peu d'évêques seront concernés. Par contre on l'oublie trop souvent, dans d'autres continents où le sujet est tabou il y a aussi des prêtres qui abusent des jeunes en Amérique Latine, en Asie, en Afrique et là ça pourrait peut-être concerner les évêques".
"Une décision qui pourra faire jurisprudence"
Le Vatican affirme qu'il n'y a pas de lien direct avec les affaires récentes mais l'annonce intervient dans la foulée du scandale du diocèse de Lyon. Le père Bernard Preynat, soupçonné d'abus sexuels sur des dizaines de jeunes scouts dans les années 70 et 80 avait seulement été mis à l'écart de ses activités avec les jeunes en mars 2015.
Bertrand Virieux, secrétaire de l’association “La parole libérée″, il a lui-même été victime du père Bernard Preynat lorsqu’il était scout. Il se dit aujourd'hui "soulagé".
"Je me dis qu'enfin on va pouvoir espérer que les responsables de la mécanique du silence dans l'Eglise soient eux même inquiétés et éventuellement face à leurs responsabilités, estime-t-il. J'y vois aussi l'histoire du cardinal Barbarin. Nous parlons de négligence dans la mesure où plus de 68 victimes se trouvent face à un prêtre qui a été déplacé, qui a même été promu doyen en 2013 par le cardinal Barbarin. C'est une vraie négligence de l'avoir laissé au contact d'enfants pendant des années et des années. Notre histoire est emblématique de ce genre de décision qui pourrait faire jurisprudence pour la suite".