Cannes 2018: face à Netflix, "il est fondamental de préserver les salles de cinéma"

Idir Serghine, cinéaste et co-président de l’Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion (ACID), invité de Bourdin direct, a décrypté les enjeux de l'arrivée de Netflix dans le paysage cinématographique ce mardi.
Une cohabitation plutôt qu'une guerre fratricide ? Alors que s'ouvre le Festival de Cannes ce mardi, les plateformes numériques et les salles de cinéma sont toujours en concurrence. L'arrivée de Netflix dans le monde du cinéma a bousculé les habitudes des consommateurs ces dernières années. Toutefois, Idir Serghine, cinéaste et co-président de l’Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion (ACID), explique qu'il ne faut pas forcément voir d'un mauvais oeil les opérateurs de vidéo à la demande comme Netflix.
"Les Français ne sont jamais autant allés au cinéma que ces trois dernières années, c'est plus de 200 millions de téléspectateurs. Ce sont des chiffres égaux avec ceux qu'on a connus en 1967 donc c'est déjà pas mal. Notre point de vue à l'ACID est de ne pas voir Netflix comme un ennemi. Car visiblement ça n'empêche pas les spectateurs d'aller au cinéma. Mais au contraire d'en faire un partenaire."
"C'est trop compliqué, si Netflix investit dans un film, ils ne peuvent le diffuser que deux ans après"
"Sauf qu'aujourd'hui les conditions pour Netflix, ou tout autre type de plateforme, sont trop compliquées. S'ils décident d'investir dans un film, ils ne pourront le passer que deux ans après sur leurs propres plateformes. On le regrette car on considère que ça peut devenir un acteur intéressant, à condition qu'ils respectent les règles de diffusion."
"La salle de cinéma doit être préservée pendant une durée de quatre mois avant la diffusion sur les plateformes"
"On considère qu'il faut sanctuariser la salle. Quand Netflix avait passé un film coréen (Okja ndlr en 2017), ils avaient passé tout de suite ce film sur la plateforme. Ca, pour nous, ce n'est pas possible. La France est un pays de cinéma. La salle d'abord, la plateforme ensuite, avec un calendrier évidemment. On reste sur l'idée qu'il faut que la salle de cinéma soit préservée pendant une durée de quatre mois avant la diffusion sur les plateformes."