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Louis XIV a-t-il inventé la téléréalité au XVIIe siècle?

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Cette semaine, c’était le retour de Secret Story sur TF1. Déjà la 13e saison. On critique beaucoup la téléréalité, et pour l’écrivain Arthur Chevallier, on a tort.

La téléréalité, c’est le bouc émissaire idéal. C’est trash, c’est débile, c’est décadent. Qu’est-ce qu’on n’a pas entendu. La téléréalité nous aurait rendu débiles. Scoop: le premier lofteur de l’histoire, ce n’était pas un débile, c’était Louis XIV.

Louis XIV a inventé la téléréalité au XVIIe siècle. Mais sans caméra. De son lever à son coucher, il était entouré par le public. C’était comme dans le loft: 24h24, 7j/7, vous pouviez suivre les faits et gestes du roi. Et ça commençait à 8h30. Plus d’une centaine de personnes assistaient à son réveil, sa toilette, son pipi.

Et ça continue à 13h. Le roi déjeune seul face à une foule qui le regarde manger. Quand il va se coucher, c’est encore devant une centaine de personnes. Et comme les lofteurs, il avait droit à une ou deux heures de solitude par jour. Sans caméra si vous préférez. C’était le même principe qu’une téléréalité.

La première production de téléréalité, c’était un livre. Et ce livre, ça s’appelle le Mémorial de Sainte-Hélène. Son auteur, c’était un type qui avait suivi Napoléon pendant son exil dans l’île de Sainte-Hélène, donc pendant les dernières années de sa vie. Et dans son livre, il racontait tout ce que Napoléon faisait au quotidien, jour par jour, presque heure par heure. Ça sera un des best-sellers du XIXe siècle. Toute l’Europe va se passionner pour la vie intime de Napoléon. C’était exactement comme Loft Story, sauf que le lofteur était connu du monde entier.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Chevallier remonte le temps : Téléréalité, une invention royale ! - 12/06
3:28

Et alors ça arrive quand à la télévision?

En 1973, et c’est aux Etats-Unis. Ça s'appelait “An american family”. C’était diffusé sur la chaîne PBS. Alors, ce n’était pas 24h/24. Mais le concept était déjà là. On suivait la vie d’une famille américaine, celle de Bill, Pat et de leurs cinq enfants. Et l’émission a marqué son époque. Puisqu’à un moment, un des fils annonce son homosexualité. C’est la première fois que quelqu’un se déclarait ouvertement homosexuel à la télé.

Et ça arrive ensuite en Europe, dans une version bien plus trash. La première téléréalité, c’est BigBrother, une émission hollandaise. C’est en 1999. On filme 12 candidats enfermés dans une maison. 7j/7, 24h24. Ils s’aiment, se disputent et bien sûr couchent ensemble. Tout ça devant les caméras. L’indignation est totale. Tout le monde critique. Mais tout le monde regarde. Les médias parlent de télé-poubelle. TF1 et M6 se promettent même de ne jamais produire un tel programme en France.

Mais M6 franchit le Rubicon et lance Loft Story en 2001. Et là, c’est l’hystérie. La finale réunit plus de 7 millions de téléspectateurs. A partir de là, les téléréalités s’enchaînent: le Bachelor, Star Academy, Koh Lanta. Et ce succès n’a rien d’étonnant. Vouloir connaître la vie la plus secrète des gens, c’est dans la nature humaine depuis des siècles. Alors, on peut en dire du mal. Mais quand on critique Loana, il faut garder en tête qu’on critique aussi Louis XIV. Ce que je ne souhaite à personne.

Arthur Chevallier