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Plan de Najat Vallaud-Belkacem pour lutter contre la pédophilie: "Ça ne va pas dans le bon sens"

Najat Vallaud-Belkacem

Najat Vallaud-Belkacem - AFP

REACTIONS - La ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem veut renforcer les garde-fous dans les procédures disciplinaires concernant les affaires de mœurs. Alors qu'elle dévoile son plan ce vendredi, celui-ci est déjà vivement critiqué.

Pour éviter de nouveaux scandales, Najat Vallaud-Belkacem veut "renforcer le pilotage de la procédure disciplinaire en matière de mœurs". Dans un plan qu'elle dévoile ce vendredi, la ministre de l'Education nationale compte rappeler aux personnels "leur devoir d'exemplarité absolue: tout comportement fautif envers un mineur doit être sanctionné avec fermeté" et "tous les agents du ministère ont l'obligation de dénoncer des crimes et délits dont ils auraient connaissance auprès du procureur de la République".

Concrètement, dorénavant, le ministère de l'Education contrôlera les décisions prises par les commissions de discipline. Le but: s’assurer que les sanctions sont proportionnées aux fautes commises. Car c'est une de ces commissions qui avait permis au professeur d'un collège de Villemoisson-sur-Orge (Essonne) de reprendre son poste d'enseignant alors qu'il avait été condamné pour des faits de pédophilie au Royaume-Uni et interdit d'exercer en 2006.

"Pas pertinent"

Le rectorat le savait mais les 35 membres de la commission de discipline s'étaient laissés convaincre par l'avocat du professeur. Alors que cet homme a été mis en examen pour de nouveaux faits d'agression sexuelle sur mineur en février dernier, Najat Vallaud-Belkacem avait alors parlé d'un "aveuglement" de l'Education nationale. Les commissions n'ont pas à revenir sur les décisions de justice, rappelle la ministre, mais la justice devra désormais leur transmettre toutes les informations judiciaires nécessaire pour délibérer, ce qui n'avait pas été le cas dans l'affaire de Villemoisson-sur-Orge.

Pour autant, le fait que des services ministériels vérifient les décisions prises par le recteur après avis de la commission de discipline est loin de faire l'unanimité. Ainsi, Frédérique Rolet, secrétaire générale SNES-FSU, parle de "surenchère démagogique". "Ça ne va pas forcément dans le bon sens, estime-t-elle. En effet, vous aurez d'un côté les membres d'une commission qui auront pris beaucoup de temps, écouter tous les témoignages, eu des débats contradictoires, qui auront donc eu tous les éléments pour se prononcer. De l'autre, on aura des gens qui n'auront lu qu'un rapport, qui n'auront pas entendu les différentes parties mais qui remettent en cause les propositions faites après de longues délibérations. Cela ne me semble pas pertinent".

La FCPE veut des cellules psychologiques

Si dans son plan, la ministre prévoit de contrôler les décisions prises par les commissions de discipline, rien n'est en revanche prévu concernant des cellules psychologiques mises en place dans les établissements. Une demande formulée pourtant par Matthieu Donjon, vice-président de la FCPE au collège de Villemoisson-sur-Orge où enseignait le professeur. Il estime donc que les parents d'élèves n'ont pas été entendus.

"Il faut prévoir, dès à présent, un plan qui nous permettent d'avoir, pas forcément de manière continue, des personnes extérieures à l'institution qui viennent au sein du collège, rappelle-t-il. Nous n'avons pas été entendus alors même que des enfants nous ont dit avoir eu des chatouillis de la part de ce professeur. Dès lors, comment voulez-vous que des enfants aillent se confier à une cellule psychologique de l'institution alors qu'eux-mêmes ont été victimes de cette institution ?"

Maxime Ricard avec Claire Andrieux