Attaque au hachoir visant Charlie Hebdo en 2020: un procès aux assises ordonné pour 6 hommes dont l'assaillant

Un lycéen est menacé de mort pour avoir soutenu Charlie Hebdo - AFP
Il avait attaqué deux personnes devant les anciens locaux de Charlie Hebdo en septembre 2020: des juges d'instruction ont ordonné lundi un procès devant la cour d'assises des mineurs spéciale pour l'assaillant et cinq hommes de son entourage.
Dans cette attaque, commise quelques semaines avant l'attentat de la basilique de Nice et l'assassinat de Samuel Paty, Zaheer Mahmood, un Pakistanais aujourd'hui âgé de 29 ans, avait grièvement blessé deux employés de l'agence de presse Premières Lignes.
Il sera jugé, conformément aux réquisitions du Parquet national antiterroriste, pour tentatives d'assassinats terroristes et association de malfaiteurs terroriste criminelle, tandis que cinq autres hommes, qui avaient été en contact avec lui, ne le seront que pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.
Deux victimes
Tous les suspects sont nés au Pakistan et arrivés en France entre 2018 et 2019. Trois d'entre eux étant mineurs au moment des faits, le procès se tiendra devant la cour d'assises des mineurs spécialement composée. Un non-lieu a en revanche été prononcé pour un septième homme, âgé de 52 ans, qui avait été présenté par l'assaillant comme son "commanditaire".
Zaheer Mahmood est arrivé en France en 2018. Peu avant midi, le 25 septembre 2020, ce jeune Pakistanais s'était rendu rue Nicolas-Appert (XIe arrondissement de Paris), armé d'un hachoir, et avait blessé les deux victimes qui se trouvaient devant la porte de l'immeuble.
L'assaillant ignorait que Charlie Hebdo avait quitté ses locaux après l'attentat de 2015. Lors d'un interrogatoire du juge d'instruction en décembre 2020, il avait confié avoir été "choqué" par la nouvelle publication des caricatures du prophète Mahomet par l'hebdomadaire à l'occasion de l'ouverture, début septembre 2020, du procès des attentats de janvier 2015. Cette publication avait entraîné des manifestations dans des pays musulmans, dont son pays le Pakistan.
Dans leur ordonnance de mise en accusation, dont l'AFP a eu connaissance, les magistrats instructeurs considèrent que son "geste a été minutieusement préparé par plusieurs repérages sur les lieux des faits et par l'achat notamment d'armes", dont le hachoir.
Appels au meurtre
Par ailleurs, "il a pris soin avant d'agir d'enregistrer une vidéo de revendication et de s'assurer de sa diffusion à l'issue, avec l'objectif manifeste d'en garantir le retentissement, dans un contexte d'appels répétés au meurtre diffusés notamment de l'étranger par plusieurs prédicateurs et organisations terroristes notamment au Pakistan", ajoutent-ils.
"Nous ne commenterons pas, nous réservons nos explications pour la Cour", ont déclaré à l'AFP ses avocats, Mes Maïa Kantor et Albéric de Gayardon.
Les autres hommes renvoyés aux assises étaient pour leur part en "relation régulière" avec Zaheer Mahmood et échangeaient notamment avec lui des "vidéos d'incitation à la haine contre les ennemis du prophète", selon l'ordonnance.
"Un des enjeux de cette instruction était de faire une analyse de la notion de blasphème pour ces jeunes mineurs isolés pakistanais, regroupés en France par l'Aide sociale à l'enfance, dans les mêmes chambrées", a commenté Me Moad Nefati, avocat d'un des cinq hommes.
"Cette réflexion n'est pas intervenue et nous aurons donc un procès classique d'association de malfaiteurs terroriste, où notre client sera renvoyé pour avoir prêté son téléphone portable à son colocataire", a-t-il ajouté.
"J'espère qu'un procès arrivera rapidement afin que mon client puisse être jugé sereinement. Il entend en effet répondre à l'ensemble des questions qui lui sont posées", a de son côté déclaré Me Dylan Slama, avocat d'un autre suspect.
L'avocat de l'homme qui a bénéficié d'un non-lieu, Me Ambroise Vienet-Legué, a pour sa part rappelé que son client avait "fait l'objet de dénonciations de la part du principal accusé qui s'est progressivement ancré dans une stratégie de dilution de sa responsabilité".
"Après de longs mois de procédure, cette décision va enfin lui permettre de reprendre le cours normal de sa vie", a-t-il salué.