RMC
Police-Justice

Attentat d’Arras: les glaçantes révélations sur l’assassinat de Dominique Bernard par Mohammed Mogouchkov

placeholder video
Le Parisien a révélé le contenu de l’interrogatoire de Mohammed Mogouchkov, le terroriste qui a tué le professeur de français Dominique Bernard à Arras le 13 octobre 2023.

Mohammed Mogouchkov, le terroriste assassin du professeur Dominique Bernard à Arras, a été longuement interrogé par une juge. Et ses aveux révèlent une incroyable détermination… L’interrogatoire a eu lieu en novembre et c’est Le Parisien qui en révèle le contenu glaçant. Face à une juge antiterroriste, c’est la première fois qu’il parlait, puisque face aux policiers, en garde à vue, il avait refusé de s’expliquer. Il s'était contenté de provocations, de plaisanteries ou de prières marmonnées en levant les yeux au ciel. Cette fois, il a parlé, et même beaucoup parlé.

Le professeur Dominique Bernard n’a pas été tué par hasard. C'était bien lui qui était visé. Pourquoi? Parce qu’il a été le prof du terroriste au moins une année ; en quatrième. Mohammed Mogouchkov précise au juge qu’il n’a eu aucun différent personnel avec son enseignant, mais il explique: "Dominique Bernard était prof de français. C’est l’une des matières où l’on transmet la passion, l’amour, l’attachement du système en général. De la République, de la démocratie, des droits de l'homme, des droits français et mécréants". C'est-à-dire de tout ce que lui déteste, qui le dégoûte.

Ce professeur de 57 ans est présenté par le terroriste comme la cible principale, finale, dont la mort était planifiée. Ce qui s’est passé après, au contraire, a été improvisé. Ce qui s’est passé après, ce sont les trois personnes qui ont été blessées dont deux grièvement, avant que la police ne le neutralise avec un taser.

Le meurtre était effectivement minutieusement planifié. Tous les vendredis, avant ce vendredi 13 octobre, le garçon préparait son attentat. Il avait acheté un couteau chez Auchan le vendredi de la semaine d’avant, puis un autre la veille. Il avait noté les horaires de l’opération, du départ de chez lui à 9h, jusqu’au meurtre à 9h59. Sur ces notes, à l’heure du crime, il avait écrit: "B.J.G = > C".

Les policiers n’étaient pas parvenus à déchiffrer ce message mais devant la juge, le terroriste a expliqué. B, c'était le professeur Bernard, J et G les initiales de deux professeurs, deux femmes qui se trouveraient avec lui et qui se dirigeraient vers la cantine, le C de l’équation. La juge demande au tueur comment il pouvait savoir tout cela et il répond qu’il a fait des repérages tous les vendredis précédents. Cela en dit long sur sa préméditation et sa détermination. Sur le trajet entre chez lui et la cité scolaire, Mohammed Mogouchkov a acheté un téléphone et enregistré un message audio de 13 minutes dans lequel il dit sa haine de la France. Il demande à Emmanuel Macron de se prosterner devant Allah.

Un mail qui n’est pas arrivé

Ce que l’on ne savait pas, c’est qu’il avait prévu d’envoyer le message audio avant de passer à l’acte, à six interlocuteurs. Dont le bureau des médias à l’état-major des Armées, un homme politique français, une journaliste du Figaro ou encore Thibault de Montbrial, l’avocat spécialiste des questions de sécurité. Une liste qui montre qu’il a le sens des relations médias et aussi un sens politique, puisqu’il commente: "J’avoue que c’est est axé à droite". Son mail était titré "Bah c’était moi". On ne sait pas pourquoi l’enregistrement n’est finalement pas parvenu aux destinataires…

Il affirme avoir agi seul et n’avoir reçu l’aide de personne, mais il faudra le vérifier. Son petit frère a été mis en examen et incarcéré pour s'être entraîné avec lui à manier les couteaux. Son grand frère est également incarcéré, soupçonné d’avoir participé à un projet d’attentat contre l’Elysée.

Face au juge, il confie que les coups de fil avec son frère, qui l’appelait depuis la prison, ont pu l'amener vers le terrorisme. Alors que son père, dit-il, l’avait élevé dans l’islam rigoriste, radical, mais pas djihadiste. Un père qui a été expulsé de France en 2018 et renvoyé en Ingouchie, la région russe voisine de la Tchétchénie d'où la famille est originaire.

Mohamed Mogouchkov, face à la juge, se pose des questions. Il dit qu’il pense tout le temps à comment il a pu en arriver là. Il lui arrive de se demander si ce qu’il a fait est bien ou mal… Mais à aucun moment, il ne formule des regrets.

Nicolas Poincaré