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Attaque à Arras: qui est Mohammed Mogouchkov, le terroriste issu d'une famille ingouche radicalisée?

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Après l'attaque terroriste perpétrée au lycée Gambetta d'Arras, qui a fait un mort et trois blessés, l'enquête de police met en lumière l'entourage familial de l'assaillant. Les proches de ce dernier ne se doutaient pas d'un passage à l'acte.

Au lendemain de l'attaque terroriste au lycée Gambetta d'Arras, dans laquelle un enseignant a été tué et trois autres personnes blessées vendredi, l'assaillant est toujours en garde à vue ce samedi matin, de même qu'une partie de ses proches (frère, sœur, mère...). Au total, dix personnes sont en effet placées sous ce régime de privation de liberté, tandis que le frère aîné du terroriste a été extrait de sa cellule pour être entendu par la DGSI.

Les raisons de son passage à l'acte ne sont pas encore connues, puisque selon des informations de BFM TV, le suspect se mure dans le silence. Hier soir sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a cependant évoqué "un lien" avec la situation au Proche-Orient.

Quelques heures après les faits, RMC a pu rencontrer des proches du terroriste, qui le décrivent comme un jeune homme très sportif, passionné de boxe, selon des voisins de son âge, en bas de leur bâtiment.

Aucun signe extérieur de radicalisation

L'assaillant de 20 ans est décrit comme un garçon discret dans le quartier, même s’il était plutôt intégré après trois ans de présence dans cette résidence. Vanessa n’en revient pas : "Je l'ai vu encore il y a deux ou trois jours, mais on est tous choqué et surpris".

Impossible pour cette voisine d’envisager ce jeune homme commettre un attentat, elle qui dépeint "un garçon tout à fait comme mon fils, qui a 20 ans, et qui vit sa vie d'adolescent".

"Il voit les gens, il dit bonjour… Bref une apparence comme tout le monde", s'étonne encore Vanessa, une voisine du terroriste.

Pour elle, il ne montrait aucun signe de radicalisation contrairement à son frère, actuellement incarcéré suite à un projet d’attentat déjoué, ou bien encore son père, qui "a été expulsé" comme le raconte cette voisine.

Le jeune homme était pourtant bien fiché S et très religieux, ajoute timidement un copain. Il aurait déjà évoqué un projet de départ pour la Syrie, selon certains dires mais en aucun cas, un projet d’attentat en France.

Pas d'expulsion de la France, malgré sa situation irrégulière

L'assaillant était de ce fait connu et surveillé depuis des mois par la police. D’abord par les services locaux du renseignement territorial, en raison de sa radicalisation religieuse, et depuis fin juillet par les spécialistes de la DGSI qui avaient pris le relais.

Fichage, filatures physiques, écoutes téléphoniques… Les enquêteurs avaient décidé de le contrôler directement jeudi, contrôle au cours duquel ils ont aussi vérifié le contenu des messageries dans son portable. Toutefois rien de concret n'a en apparence été retrouvé au cours de ces investigations et a donc été laissé libre.

Cet homme d’origine ingouche, un peuple musulman sunnite de Ciscaucasie, n’avait par ailleurs plus de titre de séjour, sa demande d’asile avait définitivement été rejetée l’an dernier… mais il n’était - pour autant - pas automatiquement expulsable, car il est arrivé en France avant l’âge de 13 ans.

Le père expulsé en 2018

Sa famille est donc elle aussi au cœur de l'enquête. Le suspect n’est pas le seul à s’être radicalisé : son grand frère, âgé de 21 ans, est actuellement en prison, à la suite d'une condamnation prononcée il y a six mois pour avoir projeté de tuer des policiers en faction devant l’Elysée. Il a plus précisément écopé de 5 ans de prison ferme pour association de malfaiteurs terroristes.

Il avait aussi été condamné aussi pour apologie du terrorisme il y a quelques mois. Leur père, lui, a été expulsé en 2018 à cause de sa radicalisation religieuse.

La famille du terroriste, qui dénombre cinq enfants, était arrivée en Bretagne en 2008 et avait échappé à une reconduite collective en février 2014. La famille avait été soutenue par des associations et des militants, et avait finalement été remise en liberté, sur instruction du ministère de l’Intérieur.

Depuis, ils avaient déménagé à Arras où, d’après les enseignants, les deux frères ainés s’étaient successivement fait remarquer dans ce lycée Gambetta pour leur prosélytisme et leur comportement parfois provocateur.

Lucile Pascanet, Guillaume Biet, Alexis Lalemant