"C'est dramatique": à Nice, des sapeurs-pompiers obligés de se déplacer sous escorte policière

Des pompiers escortés. À Nice, les soldats du feu seront désormais accompagnés de policiers à chaque intervention dans le quartier des Moulins. "Nos sapeurs-pompiers doivent intervenir sur cette zone de non droit sous protection policière", a déploré le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti sur Twitter.
Une escorte pour garantir leur sécurité, alors que les agressions contre les pompiers se multiplient en France. Selon un rapport de 2019, elles ont augmenté de 213% en 11 ans. Crachats, morsures, coups: on recensait 836 agressions physiques contre les pompiers en 2021.
"On intervient dans la misère sociale"
"C'est dramatique d'en arriver là", se désespère dans "Estelle Midi", ce mercredi sur RMC et RMC Story, Philippe, sapeur-pompier volontaire en Gironde qui raconte être régulièrement soumis "à des agressions et des insultes", et dans certains quartiers difficiles, des jets de projectiles. "C'est un problème de société, on intervient dans la misère sociale et c'est le renvoi de cette violence qui nous est fait au quotidien", ajoute-t-il.
Bertrand, sapeur-pompier professionnel à Lyon depuis 1980, assure que certains ont peur de se rendre dans des quartiers sensibles. Et "aucun dispositif n'est mis en place" pour protéger les pompiers, à part des protections contre les dommages corporels: "On est en train de se blinder, on a des gilets pare-lame, des équipements de protection balistiques pour certains cas liés au terrorisme, et des caméras", explique-t-il. "Ça nous est arrivé qu'on nous vole une ambulance !", déplore Bertrand, qui assure accompagner des pompiers porter plainte contre des agressions au moins trois fois par semaine.
Vers une crise de la vocation?
"Les relations entre les sapeurs-pompiers et les forces de l'ordre, cela ne date pas d'hier", tempère le lieutenant-colonel Michel Santamaria, de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. "Dans de nombreux quartiers sensibles, les pompiers sont accompagnés par des policiers et des gendarmes", ajoute-t-il, assurant que les pompiers continueront à se déplacer sur l'ensemble du territoire national.
Mais il craint que les dégradations des conditions de travail n'entraînent une crise de la vocation: "On a une crise de la vocation mais ce n'est pas dû uniquement à ça. On est dans une société individualiste et 80% des sapeurs-pompiers sont volontaires. Et on constate qu'on a de moins en moins de gens prêts à donner du temps de libre pour porter secours à son prochain", déplore le lieutenant-colonel Michel Santamaria.