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Ce que l'on sait de l'explosion et de l'effondrement de la rue de Tivoli à Marseille

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Un immeuble d'habitation s'est effondré, dans la nuit de samedi à dimanche, à Marseille. La cause de ce drame est encore incertaine. Dans un bilan encore très provisoire, cinq personnes ont été blessées et 33 secourues par les pompiers et "entre quatre et dix personnes se trouvent sous les décombres". L'accès aux décombres est difficile en raison d'un incendie.

Marseille, 17 rue de Tivoli, environ 0 h 40

Une énorme explosion retentit dans cette rue calme du centre-ville de Marseille. Cette voie se situe un secteur résidentiel en bordure du quartier de la Plaine, connu pour ses restaurants, bars et sa vie nocturne, à 700 mètres de la Canebière, à quinze minutes à pied de la gare Saint-Charles.

Cette explosion est entendue à des kilomètres à la ronde, jusque dans les quartiers sud de la ville. Des voisins évoquent dans leurs témoignages une odeur de gaz et de fumée à ce moment-là.

Au moment de l'explosion "tout a tremblé, on voyait les gens courir et il y avait de la fumée partout, l'immeuble est tombé sur la rue", a déclaré un témoin.

"On a entendu comme une bombe qui explosait. Notre baie vitrée est partie en éclats. Puis on a une terrasse avec des bouts de bois partout. Comme une scène de guerre" raconte un voisin de cet immeuble, sous le choc.

"Tout a volé en éclats. Les immeubles ont bougé, avec beaucoup de fumée. Ça a cassé des vitres dans les autres immeubles. J'ai un balcon et il y a du verre partout" explique un autre voisin proche.

Trois minutes plus tard

Le 17 rue de Tivoli s'effondre. Il entraîne dans sa chute une partie des (bâtiments du) 15 et du 19" de la même rue, explique le maire de la ville, Benoît Payan, qui se rend, en fin de nuit, sur place.

"L'immeuble s'est effondré sur quatre étages. C'est impressionnant. On a entendu des cris" explique le premier voisin qui parle de "grand malheur".

Les secours arrivent rapidement sur place. "Il n'y a plus qu'un trou et des gravats" dit un témoin sur place. Cet immeuble, qui ne faisait pas objet d'un arrêté de péril, semblait, d'après les premières constations, en bon état. Il était accolé avec les deux immeubles du 15 et du 19 de la même rue.

"Ce sont des immeubles avec beaucoup de bois avec des poutres qui joignent un immeuble à l'autre. Il y a donc le bois du plancher, ces poutres et le faux plafond" explique à RMC Hervé, ancien habitant du quartier.

Au cours de la nuit

Les secours arrivent "très très rapidement sur place" selon le député de Marseille, Manuel Bompard. Sauf qu'un incendie s'est déclaré dans les décombres. Une situation qui entrave les recherches des victimes. Tant que l'incendie est en cours, il est impossible d'envoyer les brigades cynophiles pour rechercher les victimes, la chaleur étant trop intense.

"Les équipes cynophiles ne peuvent pas intervenir. Nous essayons de noyer l'incendie tout en préservant la vie des victimes qui peuvent se trouver sous les décombres", explique Lionel Mathieu, chef des marins pompiers de Marseille.

En effet, la mousse utilisée pour éteindre l'incendie pourrait entrer dans les bulles d'air où de potentielles victimes encore vivantes sont présentes. Les pompiers doivent trouver des moyens alternatifs pour éteindre l'incendie.

Plus d'une centaine d'hommes, appuyés par de nombreux équipements, sont engagés. Dans le même temps, les secours évacuent ensuite les immeubles attenants, dont une quinzaine de personne "par les airs". D'autres immeubles de la rue ont été évacués par mesure de sécurité et leurs résidents accueillis dans des écoles de la ville en urgence.

"Le temps compte", a souligné l'amiral Mathieu, alors que l'odeur de fumée persiste dans le quartier. "L'objectif c'est de maîtriser l'incendie pour envoyer les chiens le plus vite possible", a souligné un peu plus tard le commandant Laurent, qui dirige les opérations.

Rapidement, des personnes qui n'arrivent pas à joindre leurs proches appellent le 17 ou le 18. Commence alors le décompte des disparus. La police et les pompiers travaillent conjointement à ce recensement, afin d'identifier les personnes présentes.

Dimanche 6h10, point-presse du maire de Marseille

Benoît Payan prépare les esprits des Marseillais: "Il y a potentiellement des personnes en vie mais il faut aussi qu'on se prépare à avoir des victimes" a-t-il averti.

"On est en train d'essayer de sauver des vies. Mais nous avons aussi la responsabilité de préserver la vie des marins-pompiers. A côté du 17, l'immeuble au 15 menace de s'effondrer", explique l'élu socialiste.

Il dévoile un bilan encore provisoire: cinq personnes, résidents d'immeubles voisins, ont été blessées, sans pronostic vital engagé, et 33 personnes au total prises en charge. "C'est vraiment un bilan très provisoire" explique deux heures plus tard, le ministre du Logement Olivier Klein sur RMC.

7h33, le mur mitoyen du 15 rue de Tivoli s'effondre

L'immeuble du 15 rue de Tivoli est alors effondré partiellement, à 70%. "Cela complique aussi la tâche" des secouristes car "ça rajoute des gravats", a expliqué le commandant Laurent. Huit personnes qui s'étaient réfugiées sur le toit-terrasse de cet immeuble ont pu être sauvées dans la nuit par des pompiers montés sur une grande échelle.

Après ce second effondrement, il n'y a pas de victime à recenser chez les pompiers. Les habitants de cet immeuble avaient déjà été évacués au préalable, avant cet effondrement.

8h20. Le ministre du Logement apprend en direct sur RMC ce deuxième effondrement. Il annonce qu'il se rendra sur place "ce soir ou demain", "au moment où je serais le plus utile pour les Marseillais."

S'il reconnaît "un vrai risque sur l'habitat insalubre à Marseille" Il demande de ne pas tirer "de leçons trop rapides dans ce dossier", alerte-t-il.

"À ma connaissance, nous ne sommes pas dans le cas d'un habitat insalubre" ajoute le ministre. Une question qui à Marseille est cruciale. En 2018, l'effondrement de deux immeubles, rue d'Aubagne, avait fait huit morts et traumatisé une ville où, selon plusieurs ONG, 40.000 personnes vivent dans des taudis.

"C'est le même périmètre de sécurité qu'on a eu la rue d'Aubagne. C'est visuellement traumatisant, même si la cause de l'effondrement semble être différente", explique Kaouther Ben Mohamed, présidente de l'association Marseille en colère et Grande Gueule de RMC.

9h23: le parquet de Marseille ouvre une enquête

Dans un communiqué de presse, le parquet de Marseille annonce l'ouverture d'une enquête pour "blessures involontaires". Elle est confiée à la Direction territoriale de la police judiciaire (DTPJ) de Marseille.

Dans le même temps, le maire de Marseille Benoît Payan annonce la mise en place d'un numéro d'urgence pour les personnes directement concernées par l'effondrement de la rue de Tivoli et les évacuations en conséquences.

Numéro d'urgence de la ville de Marseille: 04.91.55.11.11

La Première ministre et le président de la République expriment leur "émotion" avec les Marseillais et les victimes de ces effondrements. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est envoyé sur place.

11h15: Gérald Darmanin arrive à Marseille et dévoile un nouveau bilan

Après un point avec les différentes forces de secours (police nationale, municipale, pompiers), le ministre de l'Intérieur se rend dans la rue de Tivioli, au plus près des décombres. Il annonce par la suite "entre quatre et dix personnes sous les décombres". À ses côtés, le maire de Marseille, Benoît Payan, évoque "un doute persistant (sur) des personnes qui auraient pu être emportées par la chute du numéro 15."

Mais, près de onze heures après l'effondrement, l'incendie est toujours en cours sous les décombres, "à des températures très élevées" et "pourrait prendre plusieurs heures à être circonscrit". Gérald Darmanin explique aussi qu'une "trentaine d'immeubles sont concernés par les évacuations". Plusieurs autres immeubles de la rue et des alentours seront préventivement évacués au fil de la journée.

Concernant la cause de cet effondrement, le ministre de l'Intérieur n'a pas pu donner plus de précisions, alors que le maire de Marseille a évoqué "la déflagration violente" comme "probable la cause de l'effondrement" tout en restant prudent, ajoutant que l'enquête ouverte devra en déterminer précisément les causes.

https://twitter.com/mmartinezrmc Maxime Martinez Journaliste RMC